Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/448

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impossible qu’une mouche volât sans qu’il entendît ses ailes s’agiter. Si donc son invisible conseiller était réellement une créature de ce monde (opinion à laquelle le bon sens de Julien l’empêchait de renoncer aisément), cet être ne pouvait pas être sorti de la chambre ; et il attendit avec impatience que leur conversation recommençât. Mais il fut désappointé : aucun bruit ne parvint à son oreille ; et le visiteur nocturne, s’il était encore dans la prison, parut déterminé à garder le silence.

Ce fut vainement que Peveril toussa, cracha, et tâcha, par toutes sortes d’indices, de montrer qu’il ne dormait pas. Enfin son impatience devint telle qu’il résolut à tout risque de parler le premier, dans l’espoir de renouer l’entretien. « Qui que tu sois, » dit-il d’une voix assez haute pour être entendue d’une personne éveillée, mais trop basse pour troubler le repos de son compagnon endormi ; « qui ou quoi que tu sois, tu as montré que tu t’intéressais au destin des malheureux tels que Julien Peveril. Parle encore, je t’en conjure ; et, que tes communications m’annoncent le bien ou le mal, crois-moi, je suis également prêt à recevoir l’un et l’autre. »

Cette invocation ne reçut absolument aucune réponse ; aucun bruit n’annonça la présence de l’être auquel il s’adressait si solennellement.

« Je parle vainement, continua Julien et peut-être n’invoqué-je qu’un être qui est étranger aux sentiments humains, ou qui prend un malin plaisir aux souffrances des hommes. »

Un faible soupir, à demi comprimé, partant d’un coin de la chambre et répondant à cette acclamation, parut contredire l’imputation qu’elle renfermait.

Julien naturellement courageux, et se familiarisant enfin avec sa situation, se mit sur son séant et étendit le bras pour répéter la conjuration, lorsque la voix, comme effrayée de son geste et de son énergie, murmura d’un ton plus agité que celui qu’elle avait eu jusqu’alors : « Tenez-vous tranquille, ne bougez pas, ou je me tais pour toujours. — C’est donc un être mortel qui est en ce moment avec moi, » fut la conclusion naturelle que tira Julien, « et un être qui probablement a peur d’être découvert ; j’ai alors quelque pouvoir sur mon visiteur, quoique je doive n’en user qu’avec circonspection.

« Si vos intentions sont amies, continua-t-il, il n’y a jamais d’instant où le besoin d’un protecteur se fit davantage sentir pour