Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/399

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(comme nous l’avons presque déjà fait), qu’il y a des témoins de cette scène, et que nous devrions la représenter avec dignité. Je vous montrerai votre faute en particulier. — Il suffit que Votre Majesté ait été offensée, et que malheureusement elle l’ait été par moi, » dit le duc en pliant le genou ; « Bien que je sois innocent de tout ce qui pouvait aller au-delà de quelques propos galants. J’implore ainsi mon pardon de Votre Majesté. »

En disant ces mots, il s’agenouilla gracieusement. « Je te l’accorde, » dit le prince facile à apaiser. « Je pense que tu seras plus tôt fatigué d’offenser que moi de pardonner. — Puisse Votre Majesté vivre assez long-temps pour se rendre coupable du méfait dont il lui plaît aujourd’hui de charger mon innocence, dit le duc. — Qu’entendez-vous par ces paroles, milord, » dit Charles, auquel la colère fit de nouveau froncer le sourcil.

« Vous avez trop d’honneur, sire, reprit le duc, pour nier que vous chassez avec les flèches de Cupidon sur les terres d’autrui. Vous avez pris le droit royal de libre chasse dans le parc de chacun. Il est fâcheux que vous soyez désagréablement surpris d’entendre une flèche siffler autour de votre propre enclos. — N’en parlons plus, dit le roi, et voyons où la colombe s’est réfugiée. — L’Hélène a trouvé un Paris pendant notre querelle, répliqua le duc. — Ou plutôt un Orphée, dit le roi ; et ce qui est pis, un Orphée déjà pourvu d’une Eurydice : elle s’est pendue au bras du joueur de violon. — C’est par frayeur, dit Buckingham ; comme Rochester quand il se glissa dans une caisse de viole pour se dérober à sir Dermot O’Cleaver. — Il faut que ces gens nous montrent leur talent, dit le roi, et que nous leur fermions la bouche avec de l’or et des politesses : autrement nous deviendrons la fable de presque toute la ville. »

Le roi alors s’approcha de Julien, et lui ordonna de prendre son instrument, et de faire danser une sarabande à sa compagne.

« J’ai déjà eu l’honneur de prévenir Votre Majesté, dit Julien, que je suis hors d’état de contribuer à ses plaisirs de la manière elle le désire, et que cette jeune personne est… — Une suivante de lady Powis, » dit le roi, sur l’esprit de qui les choses qui n’avaient nul rapport à ses plaisirs faisaient une très-légère impression. « Pauvre lady ! elle est fort inquiète des lords enfermés dans la Tour. — Pardonnez-moi, sire, dit Julien ; mais elle est au service de la comtesse de Derby. — Ah ! bien, bien, répondit Charles ; oui, de lady Derby, qui a aussi ses peines à l’heure qu’il est. Sa-