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ou Sa Majesté celles du duc, puisque, toutes les fois qu’ils venaient à se rencontrer, le roi paraissait le plus embarrassé des deux. Mais Peveril n’eut pas le bonheur d’obtenir les avis ou l’appui de ce personnage distingué. Sa Grâce ne se trouvait pas en ce moment à Londres.

La lettre que la comtesse lui avait le plus expressément recommandée, après celle qu’il devait remettre au duc d’Ormond, était adressée au capitaine Barstow (jésuite dont le nom réel était Fenwicke), qui devait se trouver, ou dont on devait savoir la demeure chez un nommé Martin Christal, dans la Savoie. Peveril se hâta de s’y rendre lorsqu’il eut appris l’absence du duc d’Ormond. Il n’ignorait pas le danger auquel il s’exposait personnellement, en servant ainsi d’intermédiaire entre un prêtre papiste et une catholique suspecte. Mais lorsqu’il s’était chargé de la dangereuse commission de sa protectrice, il l’avait fait franchement, et avec la résolution sans réserve de la servir de la manière dont elle désirait que ses affaires fussent conduites. Néanmoins il ne put s’empêcher d’éprouver une certaine appréhension secrète lorsqu’il se vit engagé dans le labyrinthe de passages et de galeries qui conduisaient à différents appartements obscurs de l’ancien bâtiment appelé la Savoie.

Cet édifice antique et presque en ruine occupait une partie de l’emplacement où se trouvent aujourd’hui, dans le Strand, les bureaux publics de Sommerset-House. La Savoie avait été autrefois un palais, et tirait son nom d’un comte de Savoie par qui elle avait été fondée. Elle avait servi d’habitation à Jean de Gand et à plusieurs personnes de distinction ; ensuite elle avait été transformée en couvent, puis en hôpital ; et enfin, au temps de Charles II, ce n’était plus qu’un amas de bâtiments tombant de vétusté, principalement habités par ceux que leurs relations ou leur emploi appelaient au palais voisin de Sommerset-House, qui, plus heureux que la Savoie, conservait encore son titre royal, et servait de résidence à une partie de la cour, quelquefois au roi lui-même qui y avait des appartements.

Ce fut après bien des recherches et plus d’une méprise qu’au bout d’un long et obscur corridor, dont le plancher était si usé par le temps qu’il menaçait de céder sous les pieds, Julien Peveril aperçut sur une porte vermoulue le nom de Martin Christal, courtier et expert priseur. Il était sur le point de frapper, lorsque quelqu’un le tira par son manteau ; en regardant autour de lui