Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/36

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que les symptômes de la maladie funeste qui avait enlevé autres enfants commençaient à se manifester.

Cependant la voix de Peveril continuait à lui faire entendre les mêmes paroles de consolation et d’espérance ; mais au mois d’avril 1660, elle prit tout à coup un ton différent. Le refrain Le roi reprendra sa couronne, au lieu de cesser lorsque Black Hastings entrait dans l’avenue, retentit subitement avec éclat, et accompagna le bruit des pas du cheval sur les pavés de la cour. Alors on vit sir Geoffrey s’élancer de la selle nouvellement garnie de pistolets de deux pieds de longs ; et, bardé, ferré, armé de pied en cap, le bâton de commandant à la main, il entra précipitamment dans l’appartement du major étonné, les yeux brillants, les joues enflammées : « Debout, voisin, debout ! il n’est plus temps de rester au coin du feu. Où est votre justaucorps de buffle ? Où est votre grand sabre ? Mettez-vous du bon parti une fois dans votre vie, et réparez les erreurs du passé. Le roi est rempli d’indulgence, maître Bridgenorth, de bonté, de clémence. J’obtiendrai votre pardon, comptez sur moi. — Que veut dire tout cela ? demanda Bridgenorth ; j’espère que vous vous portez bien, sir Geoffrey, que tout va bien à Martindale-Castle ? — Aussi bien que vous pouvez le désirer, maître Bridgenorth ; Alice et Julien, tout le monde se porte bien. Mais j’ai des nouvelles qui valent vingt fois tout cela. Monk s’est prononcé à Londres contre ce misérable parlement, cet indigne croupion[1]. Fairfax a pris les armes dans le Yorkshire pour le roi… pour le roi, entendez-vous ? maître Bridgenorth. Presbytériens, épiscopaux, tous ont pris le justaucorps et la bandoulière pour le roi Charles. J’ai reçu une lettre de Fairfax par laquelle il me prescrit de m’emparer des comtés de Derby et de Chesterfield, et de les occuper avec tous les hommes que je pourrai lever. Que le diable l’emporte ! il est plaisant que je reçoive de tels ordres de lui ! mais désormais, et qui l’aurait cru ? nous sommes tous amis ; et vous et moi, mon cher voisin, nous changerons de front comme de bons voisins doivent le faire. Voyez, lisez, lisez, puis mettez vos bottes, et vite à cheval !

Oh ! cavaliers, plus de salut !
Il faut que l’ennemi succombe ;
Aux armes contre Belzébut !
Qu’Olivier[2] tremble dans la tombe !

  1. Sobriquet injurieux par lequel on désignait le parlement, formé par Cromwell des restes de l’ancien parlement. a. m.
  2. Olivier Cromwell. a. m.