Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/316

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ni sur l’un ni sur l’autre. Dites-moi, car vous semblez attendre de moi quelque question, quel doit être le sort de mes parents, et pourquoi vous m’avez séparé d’eux. »

Bridgenorth, pour toute réponse, lui montra du doigt la marque que son visage portait encore du coup de pistolet tiré par Julien.

« Ce n’est point là, reprit Julien, la véritable cause de votre conduite envers moi. Il est impossible que vous, qui avez été soldat et qui êtes véritablement homme, vous soyez surpris et offensé de ce que j’ai fait pour défendre mon père ; vous ne pouvez croire surtout, et j’ose dire que vous ne croyez pas, que j’eusse jamais levé la main contre vous personnellement si j’avais eu le temps de vous reconnaître. — Je puis vous accorder tout cela, répondit Bridgenorth ; mais de quel avantage peuvent être pour vous ma bonne opinion sur votre compte et le pardon que je vous accorde d’avoir attenté à ma vie ? Je réponds de vous comme magistrat ; et vous êtes accusé de tremper dans le complot infâme, impie et sanguinaire tramé pour le rétablissement du papisme, le meurtre du roi et le massacre général de tous les vrais protestants. — Et sur quels motifs ose-t-on m’accuser, me soupçonner même d’un tel crime ? À peine ai-je entendu parler de ce complot : je ne le connais que par les bruits vagues qui courent ; et, quoique chacun en parle, personne ne peut rien dire de positif à ce sujet. — Il me suffira de vous répondre, dit Bridgenorth, et peut-être même est-ce trop vous en dire, que vos intrigues sont dévoilées. Vous êtes un espion espionné vous-même, un porteur de messages entre la comtesse papiste de Derby et le parti catholique de Londres. Vous n’avez pas conduit vos affaires avec assez de discrétion pour qu’on ne devinât pas votre secret. On a des preuves, et votre complicité sera mise au grand jour. À cette accusation, dont vous ne pouvez contester la vérité, Everett et Dangerfield sont disposés, d’après le souvenir qu’ils ont de vos traits, à en ajouter d’autres qui vous coûteront certainement la vie, lorsque vous serez traduit devant un jury protestant. — Ils mentent comme des infâmes, s’écria Peveril, ceux qui m’accusent d’avoir pris part à quelque complot contre le roi, la nation ou la religion ! Et quant à la comtesse, elle a donné pendant long-temps de trop fortes preuves de sa loyauté pour qu’elle puisse être atteinte de soupçons aussi injurieux. — Ce qu’elle a déjà fait contre les fidèles champions de la pure religion, » interrompit le major, dont les traits devinrent plus sombres, « a suffisamment prouvé ce dont elle est capable :