Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/305

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celles de l’enfer, il n’existe pas dans tout l’univers un tel misérable ; et, si je désire que mes bras redeviennent libres, c’est dans l’espérance d’asséner un coup vigoureux sur cette tête grise, qui a tramé plus de complots à elle seule que tout le long parlement. — Tais-toi, dit le zélé Topham, le parlement n’est pas un mot fait pour une bouche comme la tienne. Messieurs, » ajouta-t-il en se tournant vers Everett et Dangerfield, vous rendrez témoignage de ceci. — De ce qu’il a insulté la chambre des communes ? répondit Dangerfield ; oui, de par Dieu, je le ferai, j’en jure par le salut de mon âme. — Et de plus, dit Everett, comme il parlait du parlement en général, il a également insulté la chambre des pairs. — Pauvres et misérables créatures, dit sir Geoffrey, vous dont la vie est un mensonge perpétuel, dont l’aliment est le parjure, voulez-vous donc dénaturer mes paroles les plus innocentes, lorsqu’à peine elles sont sorties de ma bouche ? Je vous le dis, le pays est las de vous ; et si les Anglais retrouvaient leur bon sens, la prison, le pilori, le fouet et le gibet seraient la juste récompense de vos actions viles et odieuses. Et maintenant, maître Bridgenorth, vous et les vôtres, vous pouvez faire tout le mal que vous pourrez imaginer, car je n’ouvrirai plus la bouche pour proférer un seul mot tant que je serai dans la compagnie de brigands tels que vous. — Peut-être, sir Geoffrey, répondit Bridgenorth, auriez-vous mieux entendu vos intérêts, si vous eussiez adopté cette résolution un peu plus tôt. La langue n’est qu’un membre bien petit, mais elle peut causer de grands maux. Vous, monsieur Julien, vous aurez la complaisance de me suivre, sans représentations, sans résistance, car vous devez savoir que j’aurais les moyens de vous y contraindre. »

Julien ne sentait que trop qu’il n’avait d’autre parti à prendre que de se soumettre à une force supérieure ; mais avant de quitter l’appartement, il s’agenouilla devant son père pour lui demander sa bénédiction. Le vieillard la lui donna, les yeux remplis de larmes, et en prononçant ces mots avec emphase : « Que Dieu te bénisse, mon fils, et qu’il te maintienne fidèle à l’Église et au roi, quel que soit le mauvais vent qui puisse souffler ! »

Sa mère ne put que lui poser la main sur la tête, et le conjurer à voix basse de ne faire aucune tentative téméraire et violente pour les secourir. « Nous sommes innocents, lui dit-elle, et nous sommes entre les mains de Dieu : que cette seule pensée nous console et nous protège ! »