Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/302

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respect dû à un mandat de la chambre. Il n’y a pas un seul homme dans l’enceinte des îles Britanniques que je ne puisse arrêter en vertu de ce morceau de parchemin ; et en conséquence je vous arrête. De quoi l’accusez-vous, messieurs ? »

Dangerfield s’approcha de Julien, et le regardant sous le nez : « Par l’air qui me fait vivre, s’écria-t-il, je vous ai déjà vu, mon ami, mais je ne puis me rappeler où. Ma mémoire maintenant ne vaut pas une fève, depuis que je l’ai tant usée au service de l’État. Mais je connais ce drôle. Si je mens, je veux être damné. — Comment, capitaine Dangerfield, » dit son camarade, plus doux de manières, mais plus dangereux, « c’est le même jeune homme que nous avons vu hier chez le marchand de chevaux. Nous avions même quelques griefs à alléguer contre lui ; mais maître Topham ne nous l’a pas permis. — Vous pouvez maintenant parler contre lui, dit Topham, car il a blasphémé contre un mandat de la chambre. N’avez-vous pas dit que vous l’aviez déjà vu quelque part ? — Oui, vraiment, répondit Everett, je l’ai vu parmi les séminaristes de Saint-Omer. Il était toujours avec les régents. — Recueillez vos souvenirs, maître Everett, reprit Topham : vous m’avez dit, je crois, que vous l’aviez vu dans un conciliabule de jésuites à Londres ? — C’est moi qui ai dit cela, maître Topham, » répondit audacieusement Dangerfield ; « et ma langue en ferait le serment. — Mon cher monsieur Topham, dit Bridgenorth, vous pouvez suspendre cette enquête pour le moment, car elle ne sert qu’à fatiguer et embarrasser la mémoire des témoins du roi. — C’est là ce qu’on veut trouver, maître Bridgenorth, dit Topham ; je ne fais que les tenir en haleine comme des lévriers qui sont sur le point de courir le gibier. — Soit, » répondit Bridgenorth avec le ton de froideur et d’indifférence qui lui était ordinaire ; « mais, en ce moment, ce jeune homme doit être arrêté en vertu d’un mandat que je vais signer, pour m’avoir attaqué dans l’exercice de mes fonctions comme magistrat, et dans l’intention de délivrer une personne déjà légalement arrêtée. N’avez-vous pas entendu le bruit d’un coup de pistolet ? — Je suis prêt à le jurer, dit Everett. — Et moi aussi, dit Dangerfield. Tandis que nous faisions une perquisition dans la cave, j’ai entendu quelque chose de semblable à un coup de pistolet ; mais j’ai cru que c’était le bruit occasionné par un long bouchon que je venais de tirer pour voir si la bouteille ne renfermait pas quelques reliques papistes. — Un coup de pistolet ! s’écria Topham ; on pourrait faire ici une affaire