Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/282

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occupation d’écurie, que vous ne trouverez pas plus de saveur à nos ragoûts qu’à du roast-beef, car vous serez incapable de les apprécier. — J’aime le roast-beef autant que les ragoûts, » dit Peveril, en se mettant en devoir de s’acquitter des fonctions que tout jeune homme doit savoir remplir au besoin ; « et quoique mon cheval ne soit qu’une pauvre rosse, il aimera mieux manger du foin et de l’avoine que de ronger son frein. »

Tandis qu’il débridait son cheval, et qu’il étendait un peu de litière sous le pauvre animal fatigué, il entendit Smith dire à Ganlesse : « Sur ma foi, Dick, tu es tombé dans la même méprise que le pauvre Slender ; tu as manqué Anne Page, et tu nous amènes à la place un grand flandrin de postillon. — Paix ! il t’écoute, répondit Ganlesse : j’ai mes raisons, tout va bien ; mais je t’en prie, dis à ton groom d’aider le jeune homme. — Quoi ! reprit Smith, croyez-vous que je sois fou ? demander à Tom Beacon, à Tom de Newmarket, à tous les Toms du monde, de toucher à un pareil quadrupède ? Il me renverrait sur-le-champ, il me congédierait, sur ma foi. C’est tout ce qu’il a pu faire que de se charger du vôtre, mon bon ami ; et si vous n’avez pas plus d’égard pour lui, il est probable que demain matin vous serez votre propre groom. — Eh bien ! Will, répondit Ganlesse, je te dirai que tu es entouré d’un tas de fainéants, de gueux, plus insolents que tous ceux qui ont jamais mangé les revenus d’un pauvre gentilhomme. — Fainéants ! oh, pour cela non, reprit Smith ; chacun de mes drôles fait une chose ou une autre d’une manière si parfaite qu’il y aurait péché à lui faire faire quelque autre chose que ce soit. Ce sont vos gens propres à tout qui sont des faiseurs de rien. Mais paix, voici le signal de Chaubert : le fat joue sur son luth l’air de Réveillez-vous, belle endormie. Allons, monsieur, dont je ne sais pas le nom, prenez de l’eau et lavez ces sales témoignages de la besogne que vous venez de faire ; car la cuisine de Chaubert est comme la tête de frère Beacon : Il est temps, il fut temps, et il ne sera plus temps. »

En parlant ainsi, et laissant à peine à Julien le temps de tremper ses mains dans un baquet et de les essuyer à une housse de cheval, il l’entraîna hors de l’écurie et le ramena dans la salle où le souper était servi.

Là tout était préparé pour le repas avec une délicatesse d’épicurien plus digne de la salle à manger d’un palais que de la misérable habitation où il se trouvait alors. Une fumée savoureuse