Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/203

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ne se contentent plus d’être tolérés, ils veulent dominer. Ils ont trouvé des amis dans ce moment d’effervescence populaire. Le nom de ma mère, et surtout celui de son confesseur, le jésuite Aldrick, ont été prononcés au milieu de ce complot inexplicable, auquel, s’il existe, elle est aussi étrangère que vous et moi. Cependant elle est catholique, et c’est assez ; je ne doute pas que, si les drôles pouvaient s’emparer de notre bribe de royaume et nous couper le cou à tous, ils n’obtinssent les remercîments de la chambre actuelle des communes aussi facilement que le vieux Christian obtint ceux du parlement-croupion, pour un service de la même nature. — De quelle source tenez-vous ces renseignements ? » demanda Peveril, parlant avec le même effort que l’on fait en dormant pour proférer quelques paroles.

« Aldrick a vu le duc d’York en secret ; et Son Altesse Royale, qui a pleuré en lui avouant l’impuissance où il est de protéger ses amis, (et ce n’est pas une bagatelle qui peut lui arracher des larmes), l’a chargé de nous engager à veiller à notre sûreté, attendu que le deemster Christian et Bridgenorth sont dans cette île, chargés d’ordres secrets et sévères, qu’ils y ont un parti considérable, et qu’ils seront avoués et protégés dans tout ce qu’ils pourront entreprendre contre nous. Les habitants de Ramsey et de Castle-Town sont malheureusement mécontents de quelques nouveaux règlements sur les impôts ; et, à vous parler franchement, quoique hier ma première idée fût que notre départ précipité de Rushin-Castle n’était que le résultat d’un caprice de ma mère, je suis presque convaincu qu’ils nous auraient bloqués dans ce château, où nous n’aurions pu tenir faute de vivres. Ici du moins nous sommes mieux approvisionnés ; et comme nous sommes sur nos gardes, il est probable que l’insurrection projetée n’aura pas lieu. — Et qu’y aurait-il à faire en cette occurrence ? dit Peveril. — Voilà précisément la question, gentil cousin, répondit le comte. Ma mère ne voit qu’un moyen, c’est celui de faire agir l’autorité royale. Voici les warrants qu’elle a préparés pour faire poursuivre, saisir, et arrêter Édouard Christian et Robert, c’est-à-dire Ralph Bridgenorth, et ordonner qu’ils soient tout de suite mis en jugement. Nul doute qu’elle ne les tînt bientôt dans la cour du château avec une douzaine de vieilles arquebuses braquées sur eux : car telle est sa méthode pour résoudre toute difficulté soudaine. — Méthode que vous n’adoptez pas, j’ose le croire ? milord, » reprit Peveril, dont les pensées se repor-