Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/142

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mais je dois vous dire, Marguerite, que vous avez tort de courir les champs, comme un charlatan, à la demande de la première vieille qui a un accès de colique, surtout à une pareille heure, et quand ce pays est si peu sûr — Je suis fâchée d’apprendre cela, dit lady Peveril. Je n’en savais rien encore. — Il y a un nouveau complot tramé par les têtes-rondes, dit sir Geoffrey un complot pire que celui de Venner ; et celui qui est le plus compromis dans cette affaire est notre ancien voisin Bridgenorth. On fait partout des recherches à son sujet, et je vous promets que, si on le trouve, tous ses vieux comptes lui seront soldés. — En ce cas, je suis sûre qu’on ne le trouvera pas, dit lady Peveril. — Vous le croyez ? répliqua sir Geoffrey et moi, j’espère qu’on le découvrira ; au moins ce ne sera pas ma faute si on n’y parvient pas. C’est pour cela que je me rends à Moultrassie, afin d’y faire une stricte recherche conformément à mon devoir ; ni traître ni rebelle ne se cachera dans son terrier si près de Martindale, je vous en réponds. Quant à vous, milady, veuillez vous passer de selle de femme pour aujourd’hui, vous monterez en croupe derrière Saunders, comme cela vous est déjà arrivé, et il vous reconduira au château. »

Lady Peveril obéit en silence. Elle n’aurait point osé se fier à sa voix pour lui répondre, tant elle était émue et déconcertée de la nouvelle qu’elle venait d’apprendre.

Elle monta donc derrière le domestique, et arriva au château, où elle attendit avec beaucoup d’inquiétude son mari. Il arriva enfin, et elle sentit son cœur soulagé en apprenant qu’il revenait sans aucun prisonnier. Il lui expliqua alors, d’une manière plus détaillée, qu’un exprès, arrivé de la cour à Chesterfield, y avait apporté la nouvelle d’une insurrection projetée par les anciens partisans de la république, notamment par ceux qui avaient servi dans l’armée, et que Bridgenorth, qu’on disait caché dans le Derbyshire, était l’un des principaux conspirateurs.

Quelque temps après, ce bruit de conspiration cessa, comme beaucoup d’autres de cette époque. Les mandats d’arrêt furent révoqués : quant au major Bridgenorth, on n’en entendit plus parler, bien qu’il lui fût probablement permis de se montrer aussi publiquement que ceux qui s’étaient rendus suspects.

Vers cette époque aussi, lady Peveril, après avoir versé bien des larmes, se sépara pour quelque temps de son fils Julien, qui fut envoyé dans l’île de Man, selon le projet formé depuis long-