toujours par signes, et niait positivement ce que l’enfant affirmait.
Depuis ce moment, la confiance établie entre la famille et la muette, ou plutôt la silencieuse femme, cessa. On tendait à l’imposteur supposé des pièges dont elle se tirait habilement ; on déchargeait tout à coup près d’elle des armes à feu, mais jamais dans ces occasions on ne la vit tressaillir. Il est probable cependant que Lizzie se fatigua de toutes ces méfiances ; car un beau matin elle disparut comme elle était venue, sans cérémonie d’adieu.
Voilà ce que fit sur l’autre bord de l’Angleterre une femme en parfaite possession de sa langue. Que le fait fût exactement ainsi ou non, ceux dont je l’appris ne se donnèrent pas la peine de faire des recherches. Le jeune berger devint un homme et il continua d’assurer qu’elle lui avait parlé distinctement. Quelle put être la raison de cette femme à persévérer si long-temps dans une feinte aussi inutile et aussi pénible, c’est ce qu’on ne saura jamais. C’était peut-être la conséquence d’une certaine aberration d’esprit. J’ajouterai seulement que j’ai quelque raison de croire à la vérité de cette histoire comme je l’ai rapportée ici, et qu’elle peut servir de comparaison avec le cas supposé de Fenella.
J’aurais pu répondre à votre dernière lettre par ce passage classique : Haud equidem invideo miror magis[2] ; car bien que, dès l’enfance, mon esprit se soit occupé sans cesse des restes de l’anti-