Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/115

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cette généalogie vaut bien celle du petit-fils d’un brasseur de Chesterfield, je pense. Mais voyons ce qu’il dit : s’il y a quelque chose qui sente l’amour dans cette lettre, je saurai bien le découvrir, bien que cela ait pu échapper à votre innocence, Marguerite. »

Le chevalier du Pic commença donc la lecture de cette lettre dont le style singulier l’embarrassa beaucoup. « Que veut-il-dire avec son déplacement de chandelier et le renversement de ses sculptures et de ses ornements ? Je ne saurais le deviner, à moins qu’il n’ait l’intention de replacer les grands chandeliers d’argent que mon aïeul avait donnés pour orner l’autel de Martindale-Moultrassie, et que ses amis à longues oreilles, ces sacrilèges, ces impies, ont dérobés et ont fait fondre. Quant aux ornements brisés, tout ce que je puis comprendre, c’est qu’il veut peut-être parler de la balustrade de la table de communion qui fut brisée alors, et des ornements de cuivre qui furent enlevés aux monuments des Peveril. Enfin, dame Marguerite, ce pauvre Bridgenorth est donc sur le point de quitter le pays ? Eh bien, j’en suis réellement fâché, quoique je ne le visse jamais qu’une fois par jour, et que jamais je n’échangeasse avec lui plus de deux paroles. Mais je vois ce que c’est : cette légère secousse qui le désarçonna lui a retenti au cœur ; et cependant, Meg, je te proteste que je me contentai de l’enlever de la selle aussi aisément que je pourrais le faire pour t’y placer ; je pris même garde de le blesser, et je ne le croyais pas assez susceptible sur le point d’honneur pour se formaliser d’une pareille bagatelle. Mais encore un coup, je vois clairement où le bât le blesse ; et je te promets que j’arrangerai les choses de manière qu’il restera à Moultrassie-House et qu’il rendra à Julien sa petite compagne. Sur ma foi ! je suis fâché moi-même d’avoir perdu cette enfant, et d’être dans la nécessité de choisir un autre but de promenade pour les matinées où le temps n’est pas propre à la chasse. J’étais habitué à cette halte et à ce bonjour par la fenêtre. — Je serais charmée, sir Geoffrey, dit lady Peveril, que vous pussiez vous réconcilier avec ce digne homme, car je considère Bridgenorth comme tel. — N’était son puritanisme, ce serait le meilleur voisin qui ait jamais existé, dit sir Geoffroy. — Mais je n’entrevois guère la possibilité de l’amener à un rapprochement si désirable, reprit lady Peveril. — Tu n’entends rien à ces affaires-là, Marguerite ; mais moi, je sais quel est le pied dont il boite, et tu le verras bientôt marcher plus droit que jamais. »