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plie. Il n’y aura point ici de combat digne de vos regards ; une affaire avec ces misérables ne sera tout au plus qu’un jeu d’enfant. »

Elle ne consentit qu’à regret à poursuivre sa route, et bientôt ils arrivèrent au bas d’Hartley-Nick, défilé rocailleux et escarpé dont le chemin ou plutôt le sentier était bordé d’un côté par un bois taillis, et de l’autre par le lit d’une rivière qui descendait de la montagne.

Après avoir fait de tendres adieux à sir Geoffrey, et l’avoir chargé d’aimables souvenirs pour son petit page futur et sa mère, la comtesse monta le défilé au grand trot, suivie de son escorte, et en peu d’instants on les perdit de vue. À peine avait-elle disparu que ceux qui étaient à sa poursuite atteignirent sir Geoffrey, qui avait disposé sa petite troupe de manière à occuper trois points de la route.

Le parti ennemi était commandé, comme sir Geoffrey l’avait prévu, par le major Bridgenorth. À côté de lui était un homme vêtu de noir et portant sur le bras une plaque d’argent ; il était suivi de huit ou dix habitants du village de Martindale-Moultrassie, dont deux ou trois étaient officiers de justice ; sir Geoffrey connaissait personnellement les autres pour être des partisans déclarés du gouvernement déchu.

Comme ils galopaient très-vite, sir Geoffrey leur cria de faire halte ; mais ils n’en continuèrent pas moins d’avancer : alors il ordonna à ses gens de braquer sur eux leurs pistolets et leurs carabines, et, après que sa troupe eut pris cette attitude menaçante, il répéta d’une voix de tonnerre : « Halte, ou nous faisons feu ! »

Cette fois ils s’arrêtèrent, et le major Bridgenorth s’avança comme pour entrer en pourparler.

« Eh quoi ! vous ici ? voisin, » dit sir Geoffrey, comme s’il ne faisait que de le reconnaître ; « qu’est-ce qui vous fait donc galoper si vite ce matin ? Ne craignez-vous pas de faire mal à votre cheval, ou de gâter vos éperons ? — Sir Geoffrey, dit le major, je n’ai pas le temps de plaisanter, je suis ici pour les affaires du roi. — Êtes-vous sûr que ce ne soit pas pour celles du vieux Noll ? voisin. Vous étiez ordinairement son meilleur messager, » dit le chevalier avec un sourire qui excita une bruyante hilarité parmi les gens de sa suite.

« Montrez-lui votre warrant, dit Bridgenorth à l’homme habillé de noir, qui était un poursuivant d’armes ; et prenant cette pièce des mains de l’officier, il la remit à Geoffrey : J’espère du