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core, furent convaincus d’être entrés dans un complot contre la vie du célèbre duc de Buckingham. Que cet Édouard fut le même que le frère de Christian, c’est ce qui est impossible, puisque ce frère mourut en 1650. Je ne me serais pas servi de ce nom de baptême, Édouard, si j’avais supposé qu’il fût possible qu’il se trouvât lié avec quelque famille encore existante.

Je dois avoir dit dans les éditions précédentes de ce roman que Charlotte de la Trémouille, comtesse de Derby, représentée comme catholique, était par le fait une Française protestante. Pour avoir mal dépeint cette noble dame, sous ce rapport, je n’ai que l’excuse de Lucio : « Je parlais dans le sens de la fiction. » Dans une histoire dont la plus grande partie est fictive, l’auteur est libre de s’écarter des faits, suivant que son plan l’exige ou peut en être amélioré. C’est dans cette catégorie que la religion de la comtesse de Derby, durant le complot papiste, semble devoir être rangée. Si j’ai calculé trop haut les privilèges et les libertés du romancier, j’en suis effrayé ; en effet, ce cas n’est ni le premier, ni le plus important de ceux où j’en ai agi ainsi. Et même à prendre la chose sur un ton élevé, l’héroïque comtesse est bien moins fondée pour une action en scandale, que la mémoire de Virgile ne pouvait l’être pour son scandale posthume de Didon.

Le caractère de Fenella, qui, par ces particularités, a fait une impression favorable sur le public, est loin d’être original. La belle esquisse de Mignon dans Wilhelm Meisters Lehrjahre ouvrage célèbre que nous devons à la plume de Goëthe, me donna l’idée de ce caractère. Mais on trouvera la copie bien différente de l’original dans mon grand prototype. On ne peut m’accuser d’avoir emprunté autre chose que l’idée générale à cet auteur, qui est la gloire de son pays, le modèle des écrivains dans les autres, et à qui tous seraient fiers d’avoir une obligation.

Une tradition de famille m’a fourni deux faits qui ont quelque chose d’analogue à ce qui est en question. Le premier est le récit d’un procès, tiré d’un rapport écossais.

L’autre, dont l’éditeur, après l’avoir souvent entendu raconter par les témoins du fait, n’a nulle raison de douter, se rapporte au pouvoir qu’eut une femme de garder un secret, ce qu’on dit, par sarcasme, être impossible, même quand ce secret tient à l’exercice de la langue.

Dans le milieu du huitième siècle, une femme qui voyageait vint à la porte de M. Robert Scott, riche fermier dans Roxburglesire,