Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/81

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offres obligeantes, quoique en même temps je rougisse de les accepter d’un étranger. — J’espère que nous ne sommes déjà plus étrangers l’un pour l’autre, répliqua l’orfèvre ; et pour ma récompense, quand ma médiation aura réussi et que vous serez rentré dans votre fortune, j’espère que vous commanderez votre premier service d’argenterie chez George Heriot. — Vous auriez un mauvais payeur, maître Heriot. — Je ne crains pas cela ; et je suis bien aise de vous voir sourire, milord. Il me semble que cela vous fait ressembler encore davantage au bon vieux lord votre père, et d’ailleurs cela m’enhardit à vous présenter une petite requête : c’est de vouloir bien accepter un dîner sans façon demain chez moi. Je loge ici tout près, dans Lombard-Street. Quand à la chère, milord, je puis vous promettre une excellente soupe au coulis de veau, un chapon gras bien lardé, un plat de tranches de bœuf en l’honneur de la vieille Écosse, et peut-être un verre d’un bon vieux vin mis en tonneau avant qu’il fût question de l’union de l’Écosse et de l’Angleterre. Quant à la société, nous aurons un ou deux de nos chers compatriotes, et ma ménagère pourrait bien y joindre quelque gentille Écossaise. — J’accepterais la politesse que vous me faites, maître Heriot, dit Nigel ; mais j’ai entendu dire que les dames de la Cité de Londres aiment à voir un homme vêtu galamment… je ne voudrais pas rabaisser un noble Écossais dans l’opinion qu’elles ont pu s’en former ; car, sans aucun doute, vous avez fait valoir de votre mieux notre malheureux pays, et j’avoue qu’en ce moment je ne suis guère disposé à faire de la dépense en toilette. — Milord, votre franchise m’encourage à faire encore un pas, dit maître George… Je… je dois de l’argent à votre père, et… en vérité, si Votre Seigneurie me regarde aussi fixement, je ne pourrai jamais aller jusqu’au bout de mon histoire. Pour parler sans détour, car je n’ai jamais pu soutenir un mensonge de ma vie, afin de poursuivre votre affaire convenablement, Votre Seigneurie doit se montrer à la cour d’une manière conforme à son rang. Je suis un orfèvre, et je gagne ma vie à prêter de l’argent aussi bien qu’à vendre de l’argenterie. Je désire placer cent livres sterling à intérêts dans vos mains jusqu’à ce que vos affaires soient arrangées. — Et si elles ne s’arrangent jamais ? demanda Nigel. — Dans ce cas, milord, reprit le bourgeois de la Cité, la perte d’une telle somme serait de peu d’importance pour moi en comparaison de tant d’autres sujets de regrets. — Maître Heriot, dit lord Nigel, ce service est généreuse-