Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le jeune lord Glenvarloch, était, au moment où notre narration le présente au lecteur, dans une grande inquiétude sur le sort de son fidèle et unique serviteur. Richard Moniplies avait été envoyé par son jeune maître, la veille au matin, jusqu’à la cour, à Westminster, et n’en était pas encore revenu. Le lecteur est déjà au courant de ses aventures de l’après-midi, et par conséquent il en sait à cet égard plus que son maître, qui n’avait pas entendu parler de lui depuis vingt-quatre heures. Cependant, dame Nelly Christie, compatissante aux inquiétudes de son hôte, cherchait autant que possible à le distraire. Elle plaça sur la table un énorme morceau de bœuf froid, saupoudré de sel et entouré comme de coutume de navets et de carottes… Elle lui recommanda sa moutarde comme venant en droite ligne de la boutique de sa cousine, à Tewkburg, épiça la rôtie de ses propres mains, et de ses propres mains aussi elle tira un pot d’une ale forte et mousseuse car tels étaient les éléments du solide déjeuner de cette époque.

Quand elle vit que l’inquiétude de son hôte l’empêchait de faire honneur à la bonne chère qu’elle avait placée devant lui, elle commença son cours de consolations verbales avec la volubilité ordinaire aux femmes de sa classe, qui, pleines de confiance dans leurs agréments, leurs bonnes intentions et la force de leurs poumons, ne craignent ni de se fatiguer, ni de lasser leurs auditeurs.

« Eh bien ! qu’est-ce qu’il y a ? Faudra-t-il que nous vous renvoyions en Écosse aussi maigre que vous êtes venu ? En vérité, ce serait contraire à l’ordre des choses. Voilà le père de mon mari, le vieux Sandie Christie ; j’ai entendu dire que c’était un atome quand il est arrivé du Nord, et je gagerais que, lorsqu’il mourut, il y a dix ans à la Saint-Barnabe, il pesait au moins cent soixante. Je n’étais qu’une petite fille en ce temps-là, et je demeurais dans le voisinage… Je ne pensais guère alors que je serais devenue la femme de John qui a une bonne vingtaine d’années plus que moi ; mais c’est un homme laborieux et un bon mari… Et son père, comme je vous disais, est mort aussi gras qu’un marguillier… Mais j’espère, monsieur, que ma petite plaisanterie ne vous a pas offensé, et je me flatte que Votre Honneur a trouvé l’ale de son goût, ainsi que le bœuf et la moutarde. — Tout cela est excellent… Tout est trop bon… répondit Olifaunt… Vous avez tant de soin et de propreté dans tout ce que vous ap-