Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/488

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tant à lord Glenvarloch, elle dit à voix haute : « Je prends à témoin la présence royale et toutes les personnes qui sont ici, que je rends au véritable propriétaire la seigneurie de Glenvarloch que j’ai rachetée, et qui est aussi libre qu’elle le fut jamais du temps de ses ancêtres. — Je servis de témoin quand l’hypothèque fut rachetée ; mais j’étais loin de m’imaginer par qui elle l’avait été, » dit maître Lowestoffe.

« Il n’était pas nécessaire que vous le sussiez, lui répliqua Richie ; il y aurait eu peu de sagesse de ma part d’aller le publier partout. — Paix ! dit la mariée, silence ! encore une fois ! Ce papier, continua-t-elle en remettant un autre pli à lord Glenvarloch, est aussi votre propriété… prenez-le, mais ne me demandez pas comment il est tombé entre mes mains. »

Le roi, s’approchant précipitamment de lord Glenvarloch, et jetant un coup d’œil rapide sur l’écrit, s’écria : « Sur notre âme, c’est notre seing royal qui a si long-temps disparu ! comment ce papier est-il tombé en votre possession, madame la mariée ? — C’est un secret, » répondit sèchement Martha.

« Un secret que ma langue ne divulguera point, » ajouta Richie d’un air résolu, « à moins que le roi ne m’en fasse un devoir. — Je vous l’ordonne, » dit Jacques en tremblant et en hésitant avec l’impatiente curiosité d’une vraie commère, pendant que sir Mungo, avec un désir plus malin de connaître le fond du mystère, inclinait, pour écouter, son grand corps maigre semblable à une ligne de pêcheur, rejetait derrière ses oreilles le peu de boucles grises qui garnissaient son front, et les retenait avec sa main, afin d’écouter cette nouvelle avec toutes les facultés de son âme.

Sur ces entrefaites, Martha jetait à Richie des regards sévères et exprimant son mécontentement ; mais il continuait toujours de dire hardiment au roi : « Que feu son beau père, insouciant et bon au fond, avait un peu de cette sagesse mondaine qui souvent avait fait tort à l’intégrité de sa conduite. Il aimait à toucher tout ce qui appartenait à ses voisins ; et quelquefois il y avait des effets qui lui collaient aux doigts. — Fi donc, interrompit Martha : puisqu’il faut que cette infâme action soit connue, que ce soit aussi brièvement que possible… Oui, milord, ajouta-t-elle en s’adressant à Glenvarloch, la pièce d’or ne fut pas le seul appât qui attira le misérable vieillard dans votre chambre pendant cette nuit affreuse… Son seul but, et il en vint à bout, était de dérober ce papier. Le misérable notaire était avec lui ce matin-là, et je