Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/472

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journée, autant de femmes à votre service qu’il y a de jours dans la semaine, autant de domestiques qu’il y a de semaines dans l’année… et vous accompagnerez votre lord à la chasse au faucon, au lieu de servir un vieux marchand de chandelles, chargé d’approvisionner un vaisseau, et qui ne sait que colporter sa marchandise et cracher. — Mais ferez-vous de moi votre dame ? dit Nelly. — Certainement, reprit lord Dalgarno ; la dame de mes pensées, que voulez-vous de plus ? — Ah ! mais… j’entendais par là madame votre femme. — Vraiment, Nelly ! je ne puis promettre de vous obliger en cela. Il y a une grande différence entre la dame qu’on épouse et la dame de ses pensées. — J’ai appris de mistress Suddlechop, chez laquelle je demeurais depuis que j’ai quitté mon pauvre vieux John Christie, que lord Glenvarloch doit épouser Marguerite Ramsay, la fille de l’horloger. — Il y a encore du chemin à faire entre la coupe et les lèvres. Je porte quelque chose sur moi qui peut rompre les bans de cette illustre alliance avant que la journée soit beaucoup plus avancée. — Fort bien : mais mon père valait bien le vieux David Ramsay, et faisait aussi bien ses affaires, milord ; pourquoi ne m’épouseriez-vous pas aussi, vous ? vous m’avez déjà fait assez de mal… pourquoi ne me feriez-vous pas cette justice ? — Pour deux raisons, Nelly ; c’est que le sort a voulu que vous fussiez mariée, et que le roi m’a donné une femme, répondit lord Dalgarno. — Mais, milord, ils restent en Angleterre, et nous, nous allons en Écosse. — Ton raisonnement est meilleur que tu ne penses, répliqua lord Dalgarno ; j’ai entendu dire aux avocats écossais que les liens du mariage peuvent être rompus dans notre pays par la main protectrice et indulgente des lois, au lieu qu’en Angleterre ils ne peuvent être brisés que par un acte du parlement. Eh bien, Nelly, nous songerons à cette affaire ; et soit que nous nous remariions ou non, nous ferons au moins de notre mieux pour nous faire démarier. — Vraiment, mon doux et aimable lord ? Puisqu’il en est ainsi, je penserai moins à John Christie, car je vous garantis qu’il se remariera, il est en bonne passe ; et je serai bien aise d’apprendre qu’il a quelqu’un qui prendra soin de lui comme je le faisais… Pauvre cher homme ! il était bien bon, quoiqu’il eût vingt ans de plus que moi. J’espère et je souhaite qu’il ne permettra plus jamais à aucun jeune lord de passer le seuil de sa porte. »

Ici, la dame se disposait encore une fois à fondre en larmes, quand lord Dalgarno calma son émotion par ces paroles un peu