Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/461

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soit remplie, et alors je vous promets de vous écouter avec patience. — Oui, oui, messieurs, les bourses pleines et les vides prennent toutes le même chemin, et ce n’est pas le plus sûr ; mais le temps viendra… — Il est déjà venu, interrompit Lowestoffe ; on a préparé la table du jeu, et puisque décidément vous ne voulez pas venir avec nous, en bien donc ! je vous souhaite le bonjour, Richie. — Adieu donc, messieurs, » dil Richie, et il quitta la maison, tandis que les autres y entrèrent ensemble.

Moniplies s’était à peine éloigné de quelques pas, plongé dans de profondes réflexions sur le jeu, les Ordinaires et les mœurs du siècle, quand quelqu’un qu’il n’avait pas aperçu d’abord (et qui de son côté n’avait pas fait plus d’attention à lui) pensa le renverser en passant ; et comme Richie voulait savoir de lui s’il avait eu l’intention de l’insulter, celui-ci, pour toute réponse, se mit à jurer contre l’Écosse et contre tout ce qui lui appartenait.

Une réflexion, moins brusque même sur son pays, aurait dans tout autre temps excité le ressentiment de Richie ; mais bien plus encore lorsque quatre ou cinq bouteilles du vin des Canaries commençaient déjà à lui échauffer la tête. Il se préparait donc à répondre, et même, s’il le fallait, à ne pas s’en tenir aux paroles, lorsqu’en fixant de plus près son adversaire il changea de dessein ; « Vous êtes justement l’homme du monde que je désirais le plus de rencontrer, dit Richie. — Et vous, répondit l’étranger, ainsi que vos misérables compatriotes, vous êtes les derniers que je voudrais jamais trouver sur mon chemin. Vous autres Écossais, sous des dehors flatteurs vous cachez un cœur faux ; et il n’est pas possible à un honnête homme de prospérer s’il se trouve seulement rapproché de vous à portée de fusil. — Quant à notre pauvreté, ami, le ciel l’a voulu ainsi ; mais pour ce qui regarde notre fausseté, je vous prouverai qu’un Écossais porte un cœur loyal et fidèle à son ami comme jamais il n’y en eut qui battît dans la poitrine d’un Anglais. — Peu m’importe que cela soit ou non, dit le passant, lâchez-moi : pourquoi tenez-vous mon manteau ? laissez-moi m’en aller, ou je vous jetterai dans l’égout. — Je crois que je pourrais vous pardonner, car vous m’avez rendu autrefois un grand service en m’en retirant, dit l’Écossais. — Maudite soit ma main, alors, si elle l’a fait ! reprit l’étranger ; je voudrais que vous y fussiez avec tous vos compatriotes et que la malédiction du ciel séchât la main qui les aiderait à s’en relever ! Pourquoi m’empêchez vous de passer ? ajouta-t-il d’un air courroucé. — Parce