Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/452

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« À moi ? à moi ? » dit en balbutiant le scribe surpris. « Je ne sais ce que vous voulez dire, monsieur. — Seulement que je vous apporte de la part de lord Glenvarloch l’argent destiné à racheter une certaine hypothèque placée sur ses biens patrimoniaux. Et me voici avant l’heure avec maître Lowestoffe et un autre honorable gentilhomme du Temple, pour être témoins dans cette affaire. — Je… crois, dit l’écrivain, que le terme est expiré. — Vous nous pardonnerez, maître écrivain, dit Lowestoffe, mais vous ne nous attraperez pas ainsi… Il s’en faut de trois quarts d’heure qu’il soit midi à toutes les horloges de la ville. — Il me faut du temps, messieurs, pour compter l’or et le peser, reprit André. — Faites-le à votre aise ; maître écrivain, répliqua Lowestoffe ; nous avons déjà vu compter et peser le contenu de chaque sac. Les voilà rangés en file, au nombre de vingt, dont chacun renferme trois cents pièces d’or. Nous sommes témoins que les choses sont faites en règle. — Messieurs, objecta encore l’écrivain, cette hypothèque appartient maintenant à un puissant seigneur. Je vous prie d’avoir un peu de patience, et d’attendre que j’envoie chercher lord Dalgarno, ou plutôt je vais y courir moi-même. »

En parlant ainsi il prit son chapeau, mais Lowestoffe s’écria : « Ami Moniplies, tiens la porte fermée, si tu as du cœur. Il ne cherche qu’à gagner du temps… À vous parler net, André, vous pouvez, si vous voulez, aller chercher le diable, qui est le seigneur le plus puissant que je connaisse, mais vous ne bougerez pas d’ici que vous n’ayez répondu à notre proposition en acceptant ou en rejetant l’argent du remboursement qui vous est dûment offert… Prenez-le, ou laissez-le, à votre gré ; j’en sais assez pour ne pas ignorer que la loi en Angleterre est plus puissante qu’aucun seigneur. J’ai du moins appris cela au Temple, si je n’en ai pas appris davantage, et songez à ne pas abuser de notre patience, de peur que nous ne raccourcissions vos longues oreilles d’un pouce, maître Skurliewhitter. — Eh bien ! messieurs, si vous me menacez, répondit l’écrivain, je ne puis résister à la force. — Pas de menaces, pas de menaces, mon petit André, dit Lowestoffe, ce n’est qu’un petit conseil d’amitié… N’oubliez pas, honnête André, que je vous ai vu dans l’Alsace. »

Sans répondre un seul mot l’écrivain s’assit, et rédigea en bonne forme un reçu de l’argent qui lui était présenté.

« Je le prends sur votre parole, maître Lowestoffe, ajouta-t-il ;