Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/448

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Geordie, ce que vous dîtes au sujet des femmes et des concubines ? Mais je vous pardonne, l’ami ; il est inutile de vous agenouiller, je vous pardonne, et d’autant plus facilement qu’il s’agit d’une chose qui n’ajoutait pas beaucoup à la gloire de Salomon, et dont, par conséquent, l’absence ne peut faire grand tort à la nôtre. Eh bien ! milords, malgré le mauvais exemple, et quoique poussé à bout par mille tourments, le pauvre garçon ne laissa pas échapper contre nous une parole inconvenante, ce qui nous dispose d’autant mieux, tout en suivant vos sages conseils, à traiter cette affaire du parc comme le résultat d’un premier mouvement et l’effet de violentes provocations. Nous accorderons, en conséquence, plein pardon au lord Glenvarloch. — Je suis charmé que Votre gracieuse Majesté en soit arrivée à cette conclusion, dit le duc, quoique je ne m’en fusse jamais douté à la route qu’elle avait prise. — Je me flatte, ajouta le prince Charles, que Votre Majesté ne jugera pas qu’il puisse convenir à sa haute dignité d’employer souvent un pareil moyen. — Ce sera la dernière fois de ma vie, fanfan Charles, je vous en donne ma parole royale. On dit que ceux qui écoutent entendent des choses désagréables sur eux-mêmes… Sur mon âme, les oreilles me tintent encore des sarcasmes de ce vieux mécontent de sir Mungo… Il nous a appelé ladre, Steenie ; je suis bien sûr que vous pouvez le démentir là-dessus… mais c’est pur esprit d’envie dans ce vieux pécheur mutilé, parce qu’il n’a lui-même ni un noble à mettre dans sa main, ni des doigts pour l’y retenir, s’il l’avait. » Ici le roi se mit à rire à gorge déployée de l’esprit qu’il venait de faire, et ne reparla plus de l’impertinence de sir Mungo que pour ajouter : « Il nous faudra donner au vieux grognard quelque chose pour lui fermer la bouche, où il ira s’amuser de nous depuis Dan jusqu’à Bersheba[1]. Maintenant, milords, que notre lettre de grâce à lord Glenvarloch soit promptement expédiée, et qu’il puisse être remis en liberté ; ensuite, comme il paraît que ses biens vont lui échapper par une mauvaise porte, nous réfléchirons à ce que nous pourrons faire pour lui afin de l’en dédommager. Milords, je vous souhaite bon appétit, car nos travaux nous ont presque conduits jusqu’à l’heure du souper.. Fanfan Charles et Steenie, vous nous tiendrez compagnie jusqu’à notre coucher. Monseigneur l’évêque, vous voudrez bien rester pour bénir la table. George Heriot, j’ai un mot à vous dire en particulier. »

  1. D’une extrémité de la Judée à l’autre. a. m.