Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/442

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mari furent prononcées d’un ton distinct et hardi, et avec un air de légèreté, pour ne pas dire de mépris. Quand tout fut achevé, lord Dalgarno s’avança comme pour embrasser sa femme, mais voyant qu’elle se reculait en donnant des signes d’effroi et d’aversion, il se contenta de lui faire un profond salut. Il se redressa ensuite de toute sa hauteur, étendit ses membres comme pour s’assurer de leur force, mais tout cela sans aucun effort marqué, et avec une certaine élégance. « Je pourrais danser encore, quoique je porte des chaînes, dit-il, car elles sont dorées et peu pesantes… Mais je m’aperçois que tout le monde ici me fait la mine, et qu’il est temps que je me retire. Le soleil ne brille pas seulement en Angleterre… Cependant, je demanderai auparavant comment on va disposer de cette belle lady Dalgarno… il me semble assez décent que j’en sois instruit… Doit-elle être envoyée au sérail de milord duc, ou chez cet honnête citoyen comme précédemment ? … — Retiens ta langue impure et sacrilège !» s’écria lord Huntinglen son père, qui, pendant la cérémonie, s’était tenu à l’écart, et qui, s’avançant tout à coup, saisit la mariée par le bras, et regarda en face son indigne époux… « Lady Dalgarno, continua-t-il, habitera ma maison comme si elle était veuve… Elle l’est à mes yeux autant que si la tombe se fût refermée sur son époux déshonoré. »

Lord Dalgarno laissa échapper pendant un instant tous les signes d’une extrême confusion, et dit d’un ton humble : « Si vous… milord… souhaitez ma mort, moi, quoique votre héritier, je ne puis vous faire le même compliment… Il n’en est pas beaucoup, parmi les premiers nés d’Israël, » continua-t-il en se remettant du seul signe d’émotion qu’il eût donné, « qui puissent en dire autant… Mais je vous convaincrai avant de partir que je suis le véritable descendant d’une maison célèbre pour conserver la mémoire des injures. — Je suis étonné que Votre Majesté daigne l’écouter plus long-temps, dit le prince Charles… Il me semble que nous devons être fatigués de son audacieuse insolence. »

Mais Jacques, qui prenait à cette scène l’intérêt d’une véritable commère, ne put supporter d’y voir mettre fin si brusquement ; il imposa donc silence à son fils en s’écriant : « Chut ! chut ! fanfan Charles… Voilà un bon garçon !… allons chut !… Je veux entendre ce que cet effronté aura l’impudence de dire. — Seulement, sire, que, sans une ligne de ce contrat, tout ce qu’il contient, du reste, n’aurait pu me décider à mettre la main de cette femme dans la