Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/401

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sous un costume si indécent et dans une position si humiliante ?… Allons, votre modestie est maintenant hors de saison, elle aurait dû vous venir plus tôt. Parlez, ou je… — Maître Heriot, dit lord Glenvarloch, quelque droit que vous puissiez avoir partout ailleurs sur cette jeune fille, tant qu’elle sera dans mon appartement elle est sous ma protection. — Votre protection, milord ! un joli protecteur, ma foi ! Et depuis combien de temps, mistress, êtes-vous sous la protection de milord ? Parlez, et dites la vérité. — Depuis environ deux heures, mon parrain, « répondit la jeune fille, le visage incliné vers la terre et couvert de rougeur ; « mais c’était contre ma volonté. — Deux heures ! c’est plus qu’il ne faut pour qu’il en résulte bien du mal… Milord, voilà, je suppose, une autre victime sacrifiée à votre galanterie… une autre aventure dont vous irez vous glorifier chez Beaujeu. Il me semble que la maison où vous avez vu pour la première fois cette jeune folle aurait dû la mettre du moins à l’abri d’un pareil sort. — Sur mon honneur, maître Heriot, vous me rappelez maintenant que ce fut dans votre famille que je vis cette jeune demoiselle. Quoique ses traits ne soient pas de ceux qu’on peut facilement oublier, j’essayais vainement de me souvenir de l’endroit où ils avaient frappé mes yeux pour la première fois. Quant à vos soupçons, ils sont aussi faux qu’ils sont injurieux pour l’un et pour l’autre. Je venais seulement de découvrir son déguisement à l’instant où vous êtes entré. Je suis convaincu, d’après sa conduite et ses manières, que sa présence ici a été involontaire ; et Dieu me préserve d’être capable d’en abuser ! — Voilà de belles paroles, milord ; mais un clerc adroit peut lire les apocryphes avec autant d’assurance que les Écritures. Franchement, milord, vous en êtes venu à ce point où l’on ne peut croire à vos paroles que sur des preuves. — Je ne devrais pas parler, peut-être, » dit Marguerite, qui ne pouvait long-temps maîtriser la vivacité naturelle de son caractère, quel que fût le désavantage de sa position ; « mais je ne puis me taire plus long-temps : mon parrain, vous me faites injure, et vous n’êtes pas moins injuste envers ce jeune gentilhomme : vous dites que ses paroles ont besoin de preuves ; je saurais moi-même en trouver pour quelques-unes ; et quant aux autres, il ne me faut pas d’autre preuve que sa parole, pour qu’elles m’inspirent une profonde et religieuse croyance. — Je vous remercie, reprit Nigel, de la bonne opinion que vous venez d’exprimer à mon égard. Je vois que j’en suis venu à un point, quoique j’ignore