Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/397

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l’on s’écrie qu’on ne veut pas voir séduire sa femme et voler son bien par la noblesse écossaise. — Et c’est moi qu’on accuse de tout ceci ? il ne me sera pas difficile de me justifier. — Je l’espère, milord, je dirai même que je n’en doute pas. Mais pourquoi avez-vous quitté White-Friars de cette manière ? — Maître Reginald Lowestoffe m’avait envoyé une barque en me faisant dire de songer à ma sûreté. — Je suis fâché de dire qu’il nie absolument avoir eu aucune connaissance des mouvements de Votre Seigneurie après vous avoir envoyé un commissionnaire avec quelques effets. — Les bateliers me dirent que c’était lui qui les envoyait. — Les bateliers ? il se trouve que l’un d’eux est un vaurien d’apprenti, une de mes anciennes connaissances… L’autre s’est échappé ; mais le garçon qui a été arrêté persiste à déclarer qu’il a été employé par Votre Seigneurie. — Il en a menti ! » s’écria Glenvarloch avec vivacité ; « il m’a dit être envoyé par maître Lowestoffe. J’espère que cet obligeant jeune homme est en liberté ? — Oui, milord, répondit Heriot, il en a été quitte pour une remontrance de la part des magistrats pour s’être mêlé d’une affaire telle que celle de Votre Seigneurie. La cour désire se conserver en bonne intelligence avec les jeunes étudiants dans ces temps de troubles ; sans quoi il ne s’en serait pas si bien tiré. — Voici la seule parole consolante que j’aie entendue de vous, reprit Nigel. Mais cette pauvre femme, que sera-t-elle devenue ? Elle s’était remise avec sa cassette à la garde de deux porteurs. — C’est ce qu’a dit le prétendu batelier ; mais aucun des commissionnaires du quai ne veut avoir fait cette commission… Je vois que cette pensée vous inquiète, milord ; mais on s’occupe de faire des recherches pour découvrir la retraite de cette pauvre femme, si tant est qu’elle existe encore, et aucun effort ne sera épargné. Maintenant, milord, j’ai rempli ma tâche dans ce qui regardait personnellement Votre Seigneurie… ce qui me reste à vous dire a rapport à une affaire d’un autre genre. — Occupons-nous-en sans délai ; j’aime mieux entendre parler des affaires de tout autre que des miennes propres. Vous ne pouvez pas avoir oublié, milord, reprit Heriot, la transaction qui eut lieu, il y a quelques semaines, chez lord Huntinglen, et par suite de laquelle une somme considérable fut avancée pour dégager les biens de Votre Seigneurie ? — Je me le rappelle parfaitement, et votre sévérité en ce moment ne peut me faire oublier le service que vous m’avez rendu dans cette occasion. Heriot s’inclina gravement et continua : « Cet argent fut avancé