Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je voudrais qu’il en fût ainsi ! mais j’ai été volontaire, obstiné, imprudent, indomptable… et maintenant, oh ! combien je paie cher mon entêtement et ma folie ! — Bah ! mon enfant, répondit Nigel, il ne peut être question dans tout ceci que de quelque espièglerie… Vous aurez échappé à vos maîtres, peut-être, et fait l’école buissonnière… Et cependant, comment une escapade de ce genre aurait-elle pu vous conduire à la Tour… Il y a un mystère en vous, jeune homme, que je veux approfondir. — En vérité, milord, je vous assure que je n’ai pas fait de mal, » dit l’enfant, sur lequel ces derniers mots, dont il paraissait fort alarmé, semblaient avoir eu plus d’effet pour le disposer à un aveu, que toutes les prières et les raisonnements pleins de bienveillance que Nigel venait de lui adresser. « Je suis innocent… c’est-à-dire, j’ai bien fait une faute ; mais elle ne méritait pas de me faire renfermer dans cette effrayante prison. — Dites-moi la vérité alors, » reprit Nigel d’un ton où l’autorité se mêlait à la douceur, « vous n’avez rien à craindre de moi, et peu de chose peut-être à en espérer ; cependant, dans la situation où je me trouve, je voudrais savoir à qui je parle. — À un malheureux enfant, monsieur, à un enfant rebelle, comme disait Votre Seigneurie, » reprit le jeune garçon en levant les yeux et montrant un visage sur lequel l’incarnat et la pâleur se succédaient alternativement, suivant que dominait le crainte ou la honte dont il était tour à tour agité. « J’ai quitté la maison de mon père sans permission, pour voir chasser le roi dans le parc de Greenwich… Il s’est élevé un cri de trahison, et toutes les portes se sont fermées… J’ai eu peur, et me suis caché dans un taillis… Là, j’ai été découvert par des gardes du bois, qui m’ont examiné… Ils ont trouvé que je ne leur répondais pas d’une manière satisfaisante… et on m’a envoyé ici. — Je suis un être bien malheureux, » dit lord Glenvarloch en se levant et marchant dans l’appartement ; « personne ne m’approche sans éprouver l’influence de mon triste sort… la mort et la prison poursuivent mes pas et atteignent tout ce qui m’entoure… Cependant il y a quelque chose d’étrange dans l’histoire de cet enfant… Vous dites que vous avez été interrogé, mon petit ami ?… Dites-moi, je vous prie, si vous avez déclaré votre nom et par quel moyen vous étiez entré dans le parc… Dans ce cas, comment aurait-on pu vous retenir ? — Ô milord ! s’écria l’enfant, je me suis bien gardé de dire le nom de l’ami qui m’a fait entrer ; et, quant à mon père, ô Dieu ! je ne voudrais pas qu’il sût