Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/379

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vertes, le prisonnier monta quelques degrés, suivi du lieutenant et d’un gardien de première classe. Ils entrèrent dans un appartement vaste, mais bas, sombre, irrégulier et très-mesquinement meublé. Le gardien avait l’ordre d’y faire du feu, et d’obéir aux ordres de lord Glenvarloch, dans les choses compatibles avec son devoir. Là, le lieutenant prit congé de Nigel, après l’avoir salué et dit les mots d’usage pour exprimer à Sa Seigneurie l’espoir qu’elle ne resterait pas long-temps sous sa garde.

Nigel aurait bien voulu faire quelques questions au gardien qui était resté pour mettre l’appartement en ordre, mais cet homme avait pris l’esprit de son état. Il parut ne pas comprendre quelques-unes des questions du prisonnier, quoiqu’elles fussent du genre le plus simple, ne fit aucune réponse à d’autres, et, lorsqu’il se décida à parler, ce fut d’un ton bref et d’un air rechigné qui, sans être positivement de l’insolence, du moins n’était nullement fait pour encourager la conversation.

En conséquence, Nigel le laissa s’occuper de son ouvrage sans lui adresser la parole, et, pour se distraire, il entreprit la tâche mélancolique de déchiffrer les noms, sentences, vers et hiéroglyphes dont ses prédécesseurs en captivité avaient couvert les murs de leur prison. Là, il vit le nom de plus d’une victime oubliée à côté de ceux dont la mémoire sera conservée jusqu’à ce que l’histoire d’Angleterre elle-même périsse ; là, se trouvaient confondues les pieuses effusions tracées par le dévot catholique la veille du jour où il devait sceller à Tyburn sa profession de foi de tout son sang, et celles du ferme protestant sur le point d’alimenter les bûchers de Smith-Field. Là, la main délicate de l’infortunée Jeanne Grey, dont le sort devait arracher des larmes aux générations futures, contrastait avec la touche plus hardie qui grava si profondément sur ces murs l’ours et le drapeau déchiré, orgueilleux emblème des fiers Dudley. C’était comme le livre du prophète, des archives de douleur et de deuil, où l’on trouvait cependant quelques exclamations concises exprimant la résignation, et quelques sentences pleines de la plus courageuse fermeté.

Pendant que lord Glenvarlocb se livrait à cette triste occupation, il fut tout à coup interrompu par le bruit que fit en s’ouvrant la porte de sa chambre. C’était le gardien qui venait l’informer, par ordre du lieutenant de la Tour, que Sa Seigneurie allait avoir un camarade de prison. Nigel se hâta de répondre