Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/375

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personnelle. — Sur mon âme ! Steenie, vous êtes fou de parler ainsi, répondit le roi ; croyez-vous que je ne connaisse pas l’odeur de la poudre à canon ? Qui est-ce qui a flairé le 5 novembre, si ce n’est notre personne royale ? Cecil et Suffolk, et tant d’autres, étaient en défaut comme autant d’imbéciles, lorsque j’éventai la mine. Ah ! vous croyez que je ne connais pas l’odeur de la poudre[1]… Comment ! vous oubliez donc que Johanes Barclaius a regardé mon intervention comme une espèce d’inspiration, et a donné pour titre à son histoire de cette conspiration, Series petefacti divinitus parricidii[2] : et de même Spondanus dit de nous, divinitus evasit[3]. — Ce fut un grand bonheur pour le royaume que le salut de Votre Majesté, dit Buckingham ; et vos sujets n’applaudirent pas moins à l’esprit ingénieux qui sut pénétrer dans les détours de ce labyrinthe de trahison, au moyen d’un fil fin et presque invisible. — Sur mon âme, Steenie, vous avez raison ; il y a peu de jeunes gens qui aient un jugement aussi sûr que le vôtre sur la prudence de vos anciens. Et quant à ce traître qu’on vient d’emmener, je suppose que c’est un oiseau de proie du même nid. N’a-t-on rien remarqué sur lui qui sente le papisme ? Cherchez s’il ne porte pas un crucifix ou quelque autre amulette de l’Église romaine. — Il me conviendrait mal de chercher à disculper ce malheureux, dit lord Dalgarno, considérant l’énormité du crime qu’il avait médité, et dont la pensée suffit pour glacer le sang de tout fidèle sujet. Cependant je ne puis m’empêcher de déclarer, avec toute la soumission que je dois au jugement infaillible de sa majesté, et comme un acte de justice envers un homme qui se montra d’abord comme mon ennemi, et qui depuis s’est fait connaître sous des couleurs bien plus odieuses ; je ne puis m’empêcher, dis-je, de déclarer que cet Olifaunt m’a toujours semblé tenir plus du puritain que du papiste. — Ah ! Dalgarno, êtes-vous là ? s’écria le roi. Et il vous a plu de vous tenir éloigné aussi, et de nous abandonner à nos propres forces pendant que nous étions sous la griffe de ce tigre. — N’en déplaise à Votre Majesté, répondit lord Dalgarno, la Providence, dans une telle occasion, ne pouvait manquer de venir au secours des trois royaumes, que sa mort eût remplis de deuil. — Sans doute, sans doute, milord ; mais la vue de votre père, avec sa longue lame, eût été

  1. Allusion à la conspiration papiste, connue sous le nom de conspiration des poudres. a. m.
  2. Récit d’un parricide découvert par inspiration divine. a. m.
  3. Il s’est sauvé comme par la volonté du ciel. a. m.