Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/371

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roi. Je ne puis rien entendre à pied, l’ami, pas un mot ; et il n’est pas convenable de me barrer ainsi familièrement le passage ; ôtez-vous de là, monsieur, nous vous le commandons. Le diable soit d’eux tous ! que font-ils donc ? — Par la couronne que vous portez, sire, reprit Nigel, et pour laquelle mes ancêtres ont bravement combattu, je vous conjure de vous calmer, et de m’écouter un seul instant. »

Il était entièrement hors du pouvoir du roi de lui accorder la grâce qu’il demandait. La pusillanimité du monarque n’était pas cette poltronnerie positive qui, par une impulsion naturelle, oblige un homme à la fuite, et qui ne peut guère exciter que la pitié ou le mépris, mais c’était un composé de plusieurs sensations qui avait quelque chose de plus plaisant. Le pauvre roi éprouvait à la fois de la frayeur et de la colère, et se trouvait partagé entre le désir de pourvoir à sa sûreté et la crainte de compromettre sa dignité, de sorte que, sans écouter ce que lord Glenvarloch cherchait à lui expliquer, il continuait de se tourner du côté de son cheval en répétant : « Nous sommes un roi libre, l’ami ; nous sommes un roi libre ; nous ne nous laisserons pas contrôler par un sujet… Au nom du ciel ! qui peut retenir Steenie ? Ah ! grâce à Dieu ! les voilà… Holà… holà… Ici, ici… Steenie ! Steenie ! »

Le duc de Buckingham arriva au galop, suivi de plusieurs courtisans et gens qui suivaient la chasse. Il dit, avec sa familiarité habituelle : « Je crois que la fortune, comme à l’ordinaire, a favorisé notre cher papa ; mais que se passe-t-il ? — Ce qui se passe ? un crime de haute trahison, et vous en êtes témoin. Sans vous, Steenie, votre papa et compère allait être assassiné. — Assassiné ! arrêtez le traître, s’écria le duc ; par le ciel ! c’est Olifaunt lui-même ! » Une douzaine de chasseurs mirent pied à terre à la fois, laissant leurs chevaux courir à l’aventure dans le parc. Quelques-uns s’emparèrent rudement de lord Glenvarloch, qui regarda comme une folie de faire aucune résistance, tandis que les autres s’empressaient autour du roi. « Êtes-vous blessé, sire ? êtes-vous blessé ? » s’écrièrent une foule de voix.

« Non pas que je sache, » dit le roi dans l’excès de sa frayeur, qui, par parenthèse, était assez excusable dans un homme d’un caractère si faible, et qui dans sa jeunesse avait été exposé à tant de complots divers ; « non pas que je sache ; mais fouillez-le fouillez-le ; je suis sûr d’avoir vu des armes à feu sous son manteau, et d’avoir senti de la poudre… j’en suis moralement sûr. »