Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/361

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Vous ai-je égratigné, monsieur ? nous allons guérir cela dans un moment avec une goutte de mon spécifique astringent, ou plutôt du spécifique de ma femme, car elle le fait elle-même, une goutte de ce spécifique et une petite mouche de taffetas noir, tout juste assez grande pour servir de selle à une puce… c’est plutôt un agrément qu’une tache. Le prince avait une mouche l’autre jour, et le duc en avait une aussi ; et vous me croirez si vous voulez, monsieur, mais il y a déjà dix-sept aunes trois quarts de taffetas qui ont été employées à faire des mouches pour les courtisans. — Mais sir Mungo Malagrowther ? » interrompit encore Nigel, et non sans difficulté.

« Oui, oui, monsieur, sir Mungo, comme vous le dites, c’est l’homme le plus aimable et le plus agréable que je connaisse… Vous désirez lui parler, dites-vous ?… oh ! cela est très-facile, c’est-à-dire aussi facile que son infirmité le permet. Dans un moment, à moins que quelqu’un ne l’ait invité à déjeuner, il viendra manger son entre-côte grillée chez mon voisin Ned Kilderkin, qui est là de l’autre côté de la rue… Ned tient une boutique de traiteur, renommée pour les côtelettes de porc ; mais sir Mungo ne peut pas souffrir le porc, pas plus que Sa Majesté très-sacrée, ni milord duc de Lennox, ni lord Dalgarno… Ah ! par exemple, monsieur, si je vous ai touché cette fois, c’est votre faute et non la mienne ; mais une petite goutte du spécifique et une autre petite mouche pas plus grande qu’il n’en faudrait pour habiller une puce, là précisément au-dessous de la moustache gauche… cela vous ira parfaitement, monsieur, quand vous sourirez, aussi bien qu’une fossette ; et si vous voulez embrasser votre belle maîtresse… Mais je vous demande pardon, monsieur, vous êtes un homme grave, très-grave pour être si jeune… J’espère que je ne vous ai pas offensé… Il est de mon devoir d’amuser mes pratiques, et c’est un plaisir comme un devoir, monsieur… Vous parliez de sir Mungo Malcrowther, oui, monsieur ; je suppose qu’il est en ce moment chez Ned, le traiteur, car il n’est pas souvent invité maintenant que lord Huntinglen est à Londres… Je vais vous couper encore… Oui, monsieur… vous le trouverez là avec son pot de petite bière au romarin ; car il ne boit jamais de liqueurs fortes, à moins que ce ne soit pour faire plaisir à lord Huntinglen… Prenez garde, monsieur ! ou à toute autre personne qui l’engage à déjeuner ; mais c’est de la petite bière qu’il boit chez Ned, avec son entre-côte de bœuf ou sa côtelette de mouton, ou