Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/348

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niquer une circonstance propre à fortifier les soupçons qu’elle formait. Il se rappela ce que le vieil Hildebrod lui avait dit dans la nuit, que certaine communication qu’il avait faite à Colepepper pouvait avoir hâté la catastrophe. Comme cette communication était relative au projet de mariage qu’il avait plu à Hildebrod de former entre Nigel et la riche héritière de Traphois, la crainte de perdre une occasion qui pouvait ne pas se représenter, jointe à la rage de se voir supplanté dans son projet favori, avait sans doute porté ce vil assassin à l’acte de violence qu’il avait commis. La pensée que son nom se trouvait impliqué dans cette horrible tragédie redoublait l’intérêt de lord Glenvarloch pour cette victime qu’il avait arrachée à la mort ; et d’autre part, il prenait la résolution, aussitôt que ses affaires le lui permettraient, de contribuer de tout son pouvoir à découvrir les auteurs du forfait.

Après s’être assuré que sa compagne ne pouvait faire mieux, il lui conseilla de se loger provisoirement chez son ancien hôte Christie, le marchand du quai Saint-Paul. Il lui dit tout le bien qu’il pensait de ce brave homme et de sa femme, et lui exprima l’espérance qu’ils la recevraient dans leur maison, ou du moins lui procureraient un autre logement chez une personne dont ils seraient sûrs, jusqu’à ce qu’elle pût prendre d’autres arrangements pour elle-même.

La pauvre femme reçut ce conseil, si agréable dans l’état d’abandon où elle se trouvait, avec une reconnaissance qu’elle exprima brièvement, mais plus vivement qu’on ne l’aurait attendu de la froide réserve de son caractère.

Lord Glenvarloch apprit ensuite à Martha que certaines raisons, auxquelles était attachée sa sûreté personnelle, l’appelaient à Greenwich ; c’est pourquoi il ne lui serait pas possible de la conduire chez Christie, ce qu’autrement il aurait fait avec plaisir. Alors, arrachant une feuille de ses tablettes, il écrivit quelques lignes à son ancien hôte, s’adressant à lui comme à un homme honnête et humain, pour lui recommander la personne qui lui remettrait ce billet ; il lui marquait que cette personne se trouvait dans un grand besoin d’appui et de bons conseils, et sa fortune la mettait dans le cas de les reconnaître libéralement. Il priait donc John Christie, qu’il regardait comme un vieil ami, de la recevoir chez lui pendant quelque temps, ou du moins de lui indiquer un logement convenable ; et enfin il lui imposait en outre la commission plus difficile de lui procurer un honnête ou du