Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce matin… Tant mieux pour vous… vous aurez le trésor sans le beau-père… Vous tiendrez nos conditions, j’espère ? — Je voudrais que vous n’eussiez rien dit à personne d’un projet aussi absurde, répondit Nigel. — Absurde ! comment donc ? croyez-vous qu’elle ne voudra pas de vous ?… Il faut la prendre la larme à l’œil, mon cher, la larme à l’œil… Donnez-moi de vos nouvelles demain ; bonsoir, bonsoir. Il faut maintenant que je m’occupe des scellés. Ah ! à propos, cette horrible affaire m’avait fait oublier tout le reste ; il y a un homme qui a demandé à vous voir de la part de M. Lowestoffe. Comme il a dit être pressé, le sénat ne lui a fait boire qu’une couple de flacons, et il venait vous trouver quand ce mauvais vent s’est élevé… Hé, l’ami ! voici M. Nigel Grahame. »

Un jeune homme vêtu d’une jaquette de pluche verte, avec une plaque sur la manche, et ayant l’air d’un batelier, s’approcha, et prit Nigel à part pendant que le duc Hildebrod allait de chambre en chambre, exerçant son autorité et faisant fermer les croisées et les portes de l’appartement. Les nouvelles apportées par le messager de Lowestoffe n’étaient pas des plus agréables. Elles furent communiquées à Nigel à voix basse, et d’un ton poli, et elles portaient en substance que M. Lowestoffe le priait d’avoir égard à sa sûreté en quittant immédiatement White-Friars, car un mandat venait d’être lancé contre lui, par le chef de la justice, et devait être exécuté le lendemain à l’aide d’un détachement de mousquetaires, force à laquelle les Alsaciens ne voudraient et ne pourraient résister.

« Ainsi, mon gentilhomme, » dit le messager aquatique, ma barque vous attendra aux degrés du Temple sur les cinq heures du matin, et si vous voulez donner le change aux limiers de la loi, cela ne dépend que de vous. — Pourquoi maître Lowestoffe ne m’a-t-il pas écrit ? dit Nigel. — Hélas ! le bon jeune homme est fort dans l’embarras lui-même, et n’a ni plume ni encre à sa disposition. — M’a-t-il envoyé quelque gage ? dit Nigel. — Un gage ? oui, oui, certainement, si je ne l’ai pas oublié pourtant, » dit le batelier ; puis rehaussant la ceinture de sa culotte, il ajouta : « Oh ! j’y suis… vous devez avoir foi à mon message, parce que votre nom est écrit avec un o pour Grœme : c’est bien cela, je pense… Eh bien ! nous nous reverrons dans deux heures pour profiter du reflux, et nous descendrons la rivière comme on pourrait le faire dans une barque à douze rameurs. — Où est mainte-