Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/332

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et qu’il tremblait surtout de ne plus entendre ! Il s’élança dans le passage étroit et tortueux, guidé par le bruit qui frappait alors son oreille d’une manière plus effrayante ; et pendant qu’il descendait un petit escalier qui terminait le passage, il entendit des voix sourdes d’hommes qui semblaient s’encourager l’un l’autre… « Diable l’emporte ! Fais-la taire, assomme-la ! » tandis que la voix de son hôtesse, presque épuisée, répétait les cris de « Meurtre ! au secours ! au secours ! au bas de l’escalier était une petite porte qui céda aux efforts de Nigel, lequel se précipita sur le théâtre de l’action un pistolet armé d’une main, une lumière de l’autre, et son épée nue sous le bras. Deux brigands s’étaient rendus, ou, pour mieux dire, étaient sur le point de se rendre maîtres de la fille de Traphois, dont il paraît que la résistance avait été désespérée, car le plancher était couvert de fragments de ses habits et de poignées de cheveux. Sa défense probablement allait lui coûter la vie, car un des brigands avait tiré un long couteau à ressort, lorsqu’ils furent surpris par l’entrée de Nigel, qui, profitant du mouvement qu’ils firent pour se tourner vers lui, déchargea son pistolet sur l’homme au couteau, et l’étendit mort ; l’autre s’étant avancé sur lui, il lui jeta le flambeau à la tête, et l’attaqua avec son épée. On était dans l’obscurité, et la chambre ne recevait de clarté que des pâles rayons de la lune qui pénétraient par la croisée… Le brigand, après avoir tiré son coup sans effet, et fait deux ou trois passes avec son épée, perdit courage, gagna la fenêtre, sauta dehors, et s’échappa. Nigel déchargea sur lui au hasard le pistolet qui lui restait, et demanda de la lumière. — Il y a de la lumière dans la cuisine, » dit Martha Traphois avec plus de présence d’esprit qu’on n’aurait pu en attendre dans un tel moment ; « attendez, vous n’en connaissez pas le chemin. Ô mon père ! mon pauvre père ! je savais bien qu’ils en viendraient là… et tout cela à cause de ce maudit or… Ils l’ont assassiné ! »