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lance et les caprices de cette jeune fille. Cependant, comme Marguerite était la favorite de son frère, dont la volonté était la loi suprême de la tante Judith, celle-ci se contenta de lui demander ce qu’elle faisait de si bonne heure dans les rues de Londres avec sa mine pâle.

« Je voudrais parler à lady Hermione, » répondit la jeune fille presque hors d’haleine, tandis que le sang qui montait à ses joues avec violence vint démentir l’épithète de pâles que leur avait donnée la tante Judith.

« À lady Hermione ! s’écria Judith ; si matin, quand elle veut à peine recevoir quelqu’un de la famille à des heures plus convenables. Vous êtes folle, petite fille, ou vous abusez de l’indulgence que mon frère et cette dame ont pour vous. — Oh ! non, non, en vérité, » répéta Marguerite s’efforçant de retenir des larmes qui n’attendaient que la plus légère occasion pour s’échapper… « Veuillez seulement faire dire à cette dame que la filleule de votre frère désire ardemment lui parler, et je suis sûre qu’elle ne refusera pas de me voir. »

La tante Judith jeta un regard pénétrant et soupçonneux sur la jeune fille. « Vous auriez pu, dit-elle, me prendre pour confidente aussi bien que lady Hermione ; je suis plus âgée et plus en état de donner des conseils. Je vis plus avec le monde qu’une personne toujours enfermée dans son appartement, et j’aurais plus de moyens de vous servir. — Oh ! non, non, non ! » s’écria vivement Marguerite avec plus de sincérité que de politesse. « Il y a des choses sur lesquelles vous ne pouvez me donner de conseils, tante Judith. C’est ici, pardonnez-moi de le dire, chère tante, un cas dans lequel vous ne pourriez rien. — J’en suis bien aise, jeune fille, » reprit sèchement la tante ; « car je pense que les folies des jeunes personnes de ce siècle seraient capables de tourner une vieille tête comme la mienne. Vous courez dès le matin les rues de Londres pour venir conter des fadaises à une dame qui ne voit le soleil de Dieu que lorsqu’il darde ses rayons sur un mur de brique… mais n’importe, je vais lui dire que vous êtes là. »

Elle sortit et ne tarda pas à rentrer, en disant d’un ton froid : « Mistress Marguerite, la dame sera bien aise de vous voir, et c’est plus, belle demoiselle, que vous n’aviez droit d’en attendre. »

La jeune fille pencha la tête sans répondre ; elle était trop absorbée par une foule de réflexions embarrassantes pour essayer