Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/246

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son appui auprès de sa corporation, appui qu’ils savaient bien n’être pas à dédaigner. Et quant à l’observation du révérend et savant ecclésiastique, que son ami était Écossais, « vous devez réfléchir, ajouta Lowestoffe, à la cause pour laquelle il est obligé de se réfugier ici… N’est-ce pas pour avoir battu, non pas un Anglais, mais un de ses propres compatriotes ? Quant à moi, » poursuivit-il en touchant légèrement lord Glenvarloch, pour lui faire comprendre que ce n’était qu’une plaisanterie, « si tous les Écossais de Londres s’assemblaient pour se battre et s’entre-tuaient tous jusqu’au dernier, dans mon humble opinion, celui qui survivrait aurait droit à notre reconnaissance comme ayant rendu le service le plus essentiel à la pauvre vieille Angleterre. »

Un éclat de rire et des applaudissements suivirent cette harangue, dans laquelle l’étudiant venait de justifier son ami de la qualité d’étranger, d’une manière qui parut singulièrement ingénieuse ; et Lowestoffe termina son plaidoyer par cette vigoureuse péroraison : « Je sais bien que c’est la coutume des pères de cette ancienne et glorieuse république, de réfléchir dûment et mûrement sur les mesures qu’ils vont adopter, en buvant une quantité raisonnable de liqueur ; et loin de moi la pensée de proposer l’abolition de cette noble coutume, ou de prétendre qu’une affaire comme celle qui vous occupe puisse être examinée constitutionnellement pendant le temps qu’il faut pour boire un misérable gallon de vin. Mais comme il est indifférent à cet honorable conclave de boire d’abord et de décider après, ou de décider premièrement et de boire ensuite, je propose à Votre Grâce, noble duc, avec l’assentiment de vos sages et puissants sénateurs, de passer un édit qui accorde à mon honorable ami les privilèges du sanctuaire, et lui assigne, suivant vos sages coutumes, un logement où il puisse se retirer, étant un peu fatigué des événements de cette journée ; après quoi j’ordonnerai un petit baril de vin du Rhin avec une quantité proportionnée de langues de bœuf et de harengs salés, pour vous régaler tous comme de vrais George a green[1]. »

Cette proposition fut reçue avec des acclamations tumultueuses d’approbation qui couvrirent entièrement les voix des dissidents, si toutefois il s’en trouvait dans le sénat d’Alsace qui pussent résister à une proposition si populaire. On n’entendait dans toutes

  1. George a green, personnage grotesque dont l’image figure honorablement dans la procession des ramoneurs à Londres. a. m.