Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/226

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Cette querelle avait fini par attirer l’attention, et on entendit bientôt les cris répétés de : « La paix ! la paix ! À bas les épées nues dans le parc ! Holà, gardes !… gardiens !… À la garde !… » et l’on accourait de tous côtés vers cette partie du parc.

Lord Dalgarno, qui avait tiré son épée à demi en se sentant frapper, la remit dans le fourreau, en remarquant que la foule grossissait : il prit le bras de sir Ewes Haldimund et se contenta de dire à lord Glenvarloch en le quittant : « vous me paierez cher cette insulte ; nous nous reverrons. »

Un homme d’un certain âge et d’une tournure respectable, qui avait remarqué que lord Glenvarloch restait à sa place, ayant compassion de sa jeunesse et de son inexpérience, s’approcha et lui dit : « Savez-vous bien que c’est une affaire qui regarde la chambre étoilée, jeune homme, et qu’elle peut vous coûter la main droite ?… Hâtez-vous de songer à votre sûreté avant que les gardes et les constables arrivent ; réfugiez-vous dans White-Friars, ou dans quelque autre lieu qui puisse vous servir d’asile, jusqu’à ce que vos amis aient arrangé votre affaire, ou que vous puissiez quitter la ville. »

Cet avis n’était pas à négliger. Lord Glenvarloch se dirigea précipitamment vers la porte du parc qui est du côté de Saint-James, et traversa l’hôpital de ce nom. Le tumulte croissait derrière lui, et plusieurs officiers de paix de la maison du roi étaient venus pour arrêter le coupable. Heureusement pour Nigel, les bruits qui s’étaient répandus sur la cause de sa querelle avaient mis le peuple de son côté. On disait qu’un des compagnons du duc de Buckingham avait insulté un gentilhomme de province, et que celui-ci avait eu recours à un bâton et avait battu d’importance son agresseur. Un favori, ou le compagnon d’un favori est toujours odieux à John bull, qui a d’ailleurs du penchant pour ceux qui soutiennent leurs querelles en procédant par voies de fait, comme le disent les procureurs, et dans ce cas, ces deux préjugés se trouvaient en faveur de Nigel. Ceci fut cause que les officiers qui vinrent pour l’arrêter ne purent apprendre des spectateurs ni détails sur sa personne, ni renseignements sur la route qu’il avait prise, de sorte que pour le moment il échappa à leurs poursuites.

Ce que lord Glenvarloch entendit répéter parmi la foule sur son passage suffit pour lui apprendre que, dans l’impatience de sa colère, il s’était mis dans une situation fort dangereuse. Il