Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/217

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prince en a fait autant ; et cela étant, vous pouvez bien jurer que tous ceux qui n’ont pas gardé le silence dans le cercle ont fait chorus avec eux. — Mais il me semble que vous venez de me dire, répondit lord Glenvarloch, que lord Dalgarno avait pris mon parti ? — Oh ! assurément, répliqua sir Mungo ; mais le jeune lord a été bientôt réduit au silence ; et, par parenthèse, il était un peu enrhumé, et si enroué, que sa voix ressemblait à celle d’un corbeau : le pauvre jeune homme, s’il n’avait eu cette indisposition, il n’y a pas de doute qu’il n’eût su se faire écouter, comme s’il s’agissait de sa propre cause, que personne ne s’entend mieux à plaider… Et à propos de cela, permettez-moi de vous demander, continua sir Mungo, si lord Dalgarno a jamais présenté Votre Seigneurie au prince ou au duc de Buckingham ? il aurait suffi de l’un ou de l’autre pour emporter votre affaire du premier coup. — Je n’ai aucun droit à la faveur du prince, ni à celle du duc de Buckingham, répondit lord Glenvarloch. Comme vous paraissez vous être particulièrement occupé de mes affaires, sir Mungo, et même un peu plus qu’il n’était nécessaire, vous pouvez avoir entendu dire que j’ai adressé une pétition au souverain, pour le paiement de sommes dues à ma famille. Je ne puis douter que le désir du roi ne soit de me faire justice, et ne puis décemment avoir recours aux sollicitations de Son Altesse le prince, ou de Sa Grâce le duc de Buckingham, pour obtenir de Sa Majesté ce qui doit m’être accordé comme un droit, ou refusé tout à fait. »

Sir Mungo donna à ses traits bizarres une de leurs expressions les plus grotesques, et répondit en ricanant :

« C’est un exposé très-clair et très-frappant de la position de l’affaire, milord ; et en comptant là-dessus, vous prouvez d’une manière incontestable la connaissance intime et profonde que vous avez du roi, de la cour et du genre humain en général ;… Mais qui vient par ici ? Rangez-vous, milord, et faisons place. Sur ma foi, ce sont les gens dont nous parlions… quand on parle du diable, dit le proverbe… hem ! »

Il n’est pas inutile de faire remarquer ici que, pendant cette conversation, lord Glenvarloch, sans doute dans l’espoir de se débarrasser de sir Mungo, avait dirigé sa promenade vers la partie la plus fréquentée du parc. Cependant le bon chevalier était resté accroché à son bras, indifférent au chemin qu’il suivait, pourvu qu’il pût tenir son compagnon entre ses griffes. Ils étaient cependant encore à quelque distance de la partie où se pressait