Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/20

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vir de la même excuse que cet esclave qui, sur le point d’être puni pour avoir répandu le faux bruit d’une victoire, s’écria : Ô Athéniens, suis-je donc blâmable de vous avoir procuré un jour heureux ?

Le Capitaine. Auriez-vous la bonté de me permettre de rapporter une anecdote de mon excellente grand’mère ?

L’Auteur. Je ne vois pas trop le rapport qu’elle peut avoir avec ce sujet, capitaine Clutterbuck.

Le Capitaine. Elle vient fort à propos, puisque nous en sommes au plan de Bayes. La très-judicieuse vieille dame, que Dieu veuille avoir son âme ! était fort attachée à l’Église, et ne pouvait souffrir que les mauvaises langues exerçassent leur malignité sur tel ou tel de ses ministres, sans prendre chaudement son parti. Il y avait pourtant une raison qui la déterminait infailliblement à délaisser la cause de son révérend protégé : c’était quand elle apprenait qu’il avait prêché en chaire contre les médisants et les diffamateurs.

L’Auteur. Et qu’est-ce que cela a de commun ?

Le Capitaine. Seulement que j’ai entendu dire à des ingénieurs que l’on risque de découvrir le côté faible à l’ennemi en s’occupant trop ostensiblement de le fortifier.

L’Auteur. Et encore une fois, je vous prie, où en voulez-vous venir ?

Le Capitaine. Eh bien donc, sans plus de métaphore, je crains que cette nouvelle production, dans laquelle votre générosité paraît disposée à m’accorder quelque intérêt, n’ait grand besoin d’indulgence, puisque vous jugez à propos de commencer votre défense avant que l’affaire soit en jugement. Je parierais une pinte de claret que l’intrigue est confuse et sans liaison.

L’Auteur. C’est une pinte de Porto, sans doute, que vous voulez dire ?

Le Capitaine. J ai dit de claret, de bon claret du Monastère… Ah ! monsieur, si vous vouliez seulement suivre les conseils de vos amis, et tâcher de mériter au moins la moitié de la faveur publique qui vous a été accordée, nous pourrions tous boire du Toksay.

L’auteur. Peu m’importe ce que je bois, pourvu que ce soit une boisson saine.

Le Capitaine. Songez à votre réputation, du moins à votre gloire.

L’Auteur. Ma gloire !… je vous ferai la même réponse qu’un