Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/196

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sion, le dissuada vivement de rien tenter de semblable, et lui conseilla d’attendre tranquillement l’expédition des ministres, qui l’affranchirait d’un plus long séjour à Londres. Lord Dalgarno se joignit à son père pour détourner son jeune ami de paraître une seconde fois à la cour, au moins jusqu’à ce qu’il fût réconcilié avec le duc de Buckingham. « J’ai offert à lord Nigel, » ajouta-t-il en s’adressant à son père, « mon secours, tout faible qu’il est, pour amener cette réconciliation ; mais je n’ai pu le déterminer à faire la moindre démarche ni aucune espèce d’avance vers le duc.

— Et, par ma foi, je trouve là-dessus que le garçon a raison, Malcolm, » répondit le brave vieux lord écossais. « Quel droit a Buckingham, ou, pour parler clairement, le fils de sir George Williers, de demander hommage et soumission à un homme qui a huit quartiers de noblesse de plus que lui ? Je l’ai entendu moi-même, sans aucun motif, appeler Nigel son ennemi, et je ne conseillerai jamais au jeune homme de lui faire aucune avance de politesse, que l’autre n’ait auparavant rétracté les paroles malhonnêtes qu’il lui a adressées. — C’est bien aussi mon avis sur la conduite de lord Glenvarloch, répondit lord Dalgarno ; mais, d’un autre côté, vous conviendrez, mon père, que ce serait courir un grand risque de la part de notre ami que de se présenter de nouveau devant le roi, ayant le duc pour ennemi… Il vaut mieux qu’il me laisse le soin de calmer la malveillance que des gens malintentionnés ont inspirée au duc contre notre ami. — Si tu amènes Buckingham à reconnaître son erreur, dit le père, je dirai que, pour une fois, il y aura eu à la cour de l’honnêteté et de la franchise… Mais je vous ai souvent dit, à votre sœur et à vous, combien en général je faisais peu de cas du courtisan. — Vous ne devez pas douter que je ne fasse tout ce qui dépendra de moi dans l’affaire de Nigel, dit lord Dalgarno ; mais vous songerez, mon cher père, que, pour réussir à la cour, il me faut employer des moyens plus doux et plus lents que ceux qui vous mirent en faveur il y a vingt ans. — Sur ma foi, c’est ce que je crains, répondit le comte… Je te le répète, Malcolm, j’aimerais mieux descendre au tombeau que de devoir douter de ta probité et de ton honneur… et cependant, quoi qu’il se fasse, je ne sais comment, que d’honnêtes et loyaux services n’aient plus à la cour le prix qu’ils y avaient de mon temps, je m’aperçois que tu y réussis.

— Oh ! le temps actuel ne réclame pas de vos services de l’ancien régime, dit lord Dalgarno. Nous n’avons pas d’insurrections