Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur l’escalier, et un petit moment après entra dame Nelly, les joues écartâtes, et qui tout émue annonça d’une voix à peine intelligible… « Un jeune seigneur, monsieur, et quel autre, » ajouta-t-elle en passant légèrement la main sur ses lèvres, « serait assez impertinent ?… c’est un jeune seigneur qui vous demande, monsieur. »

À peine avait-elle achevé, qu’on vit lord Dalgarno entrer d’un air gai, avec un maintien dégagé et plein d’aisance, et paraissant aussi content de revoir son ami, que s’il l’eût trouvé dans un palais. Nigel, au contraire, car l’amour-propre a une puissante influence sur les jeunes gens, fut décontenancé et mortifié d’être surpris par un jeune homme aussi brillant dans une chambre qui, depuis l’arrivée d’un petit-maître si bien mis et si élégant, lui paraissait encore plus basse, plus étroite, plus sombre et plus mesquine. Il essaya de balbutier quelques excuses sur la manière dont il était logé ; mais lord Dalgarno l’interrompit.

« Pas un mot, dit-il, pas un seul mot à ce sujet… Je vois pourquoi vous avez jeté l’ancre ici, mais je sais être discret… Une si jolie hôtesse attirerait dans un plus mauvais gîte. — Sur ma parole, sur mon honneur… s’écria lord Glenvarloch. — Je vous en prie, qu’il n’en soit plus question, répéta lord Dalgarno : je ne suis pas un indiscret, et je n’ai pas envie de marcher sur vos brisées… il y a assez de gibier de cette espèce, grâce au ciel, pour que je puisse en abattre quelque pièce pour mon propre compte. »

Tout ceci fut dit d’une manière tellement positive, et d’après l’explication adoptée, la galanterie de lord Glenvarloch se trouvait si naturellement établie, que Nigel cessa de chercher à nier : moins honteux peut-être (car telle est la faiblesse humaine) d’un vice supposé que de sa pauvreté réelle, il changea de conversation, et laissa la réputation de la pauvre Nelly à la merci des fausses interprétations du jeune lord.

Il lui offrit avec quelque embarras de se rafraîchir ; lord Dalgarno répondit qu’il avait déjeuné depuis long-temps, mais que, sortant de faire une partie de paume, il accepterait volontiers un verre de la petite bière de la jolie hôtesse. Ceci ne fut pas difficile à lui procurer. Il but, et trouva la bière excellente ; et comme l’hôtesse n’avait pas manqué d’apporter le verre elle-même, lord Dalgarno profita de cette occasion de la regarder plus attentivement, puis il but gravement à la santé de son mari, en faisant un signe de tête imperceptible à lord Glenvarloch. Dame Nelly s’en trouva