Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jesté, la part que mon fils peut prendre dans cette affaire n’aura aucune influence sur ma conduite, répliqua le comte ; ce n’est ni par lui ni par aucun autre jeune étourdi que je me laisserai diriger. — Sur ma foi, ni moi non plus, reprit le monarque ; par l’âme de mon père, il ne faut pas qu’aucun d’eux s’avise de jouer le rôle de roi avec moi, je ferai ce que je veux et ce que je dois comme un souverain qui ne connaît pas d’obstacle à sa volonté. — Votre Majesté m’accordera donc la grâce que je demande ? dit lord Huntinglen. — Oui, sur ma foi ! oui, je vous l’accorderai, dit le roi ; mais suivez-moi par ici, mon cher, afin que nous puissions parler plus secrètement… »

Il entraîna lord Huntinglen, d’un pas pressé, à travers la foule des courtisans qui regardaient tous cette scène peu ordinaire avec une profonde attention, ainsi qu’il est d’usage à la cour en des circonstances semblables. Le roi entra dans un petit cabinet, et son premier mouvement fut de dire à lord Huntinglen d’en fermer la porte au verrou, mais il contredit sur-le-champ cet ordre, en s’écriant : « Non, de par le pain que je mange ! je suis un roi libre ; je ferai ce que je veux et ce que je dois… Je suis justus et tenax propositi… Malgré cela, lord Huntinglen, tenez-vous à la porte, de peur que Steenie n’arrive avec son humeur folle. — Oh ! mon pauvre maître, » murmura en soupirant le comte d’Huntinglen, « quand vous étiez dans notre froide patrie, un sang plus chaud coulait dans vos veines. »

Le roi jeta rapidement les yeux sur la pétition, les portant de temps en temps vers la porte, et puis se hâtant de les baisser de nouveau sur le papier, honteux que lord Huntinglen, qu’il estimait, le soupçonnât de timidité.

« Je dois l’avouer, » dit le roi après un examen rapide du mémoire, « c’est une affaire malheureuse, et plus malheureuse encore qu’elle ne m’avait été représentée, quoique j’en eusse déjà quelque connaissance… Ainsi donc le jeune homme ne réclame le paiement de l’argent que nous lui devons qu’afin de dégager son domaine paternel ? Mais ensuite, Huntinglen, il peut avoir d’autres dettes, et quel besoin a-t-il de s’embarrasser de tant d’acres de terre stérile ? Qu’il renonce à ce bien, mon cher, qu’il y renonce ; notre chancelier d’Écosse l’a promis à Steenie…. C’est le meilleur terrain pour la chasse qu’il ait dans tout ce royaume… Et fanfan Charles et Steenie veulent y tuer un daim l’année prochaine… Il faut qu’ils aient ce domaine, et nous paie-