Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/142

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les aigrettes de nos casques. — Trophaut, milord de Huntinglen, » dit à voix basse un gentilhomme de la chambre ; « voici le roi ! »

Le vieux comte se le tint pour dit et se tut. Jacques entrant par une porte de côté, entouré d’un petit groupe de courtisans favoris et d’officiers de sa maison, auxquels il s’adressait de temps en temps, reçut successivement les respects de ceux qui avaient été admis en sa présence. La toilette du monarque avait été plus soignée dans cette occasion qu’elle ne l’était le jour où nous le présentâmes pour la première fois au lecteur ; mais il y avait une gaucherie naturelle dans sa taille, qui faisait qu’aucun habit ne pouvait bien lui aller, et la prudence ou la pusillanimité de son caractère lui avait fait contracter l’habitude, dont nous avons déjà parlé, de porter un vêtement assez rembourré pour pouvoir résister à un coup de poignard, ce qui donnait une roideur désagréable à sa tournure, et contrastait d’une manière singulière avec sa mobilité perpétuelle et avec les gestes continuels et bizarres qui accompagnaient sa conversation. Cependant, malgré le peu de noblesse de son extérieur, il avait dans ses manières tant de bienveillance, de familiarité et de bonhomie, il cherchait si peu à cacher ses défauts et était si indulgent pour ceux des autres, que ses qualités, jointes à une certaine dose d’esprit naturel et d’instruction, ne manquaient jamais de produire une impression favorable sur les personnes qui l’approchaient.

Lorsque le comte de Huntinglen présenta Nigel à son souverain, cérémonie dont le digne pair se chargea lui-même, le roi reçut le jeune lord très-gracieusement, et témoigna à son introducteur qu’il était bien aise de les voir à côté l’un de l’autre, « car, si je ne me trompe, milord Huntinglen, continua-t-il, vos ancêtres à tous deux ne vivaient pas en fort bonne intelligence… et vous-même avec le père de ce jeune homme, vous vous êtes vus face à face l’épée à la main, ce qui est une posture plus désagréable. — Et ce futYotre Majesté, dit lord Huntinglen, qui ordonna au lord Ochtred et à moi de nous donner la main, ce jour mémorable où Votre Majesté réunit dans un banquet tous les nobles qui étaient divisés par des haines, et voulut qu’il se réconciliassent. — Je m’en souviens bien, dit le roi, je m’en souviens fort bien… ; C’était un beau jour, le 19 septembre, le plus beau des jours de l’année… Il y avait de quoi rire en voyant comme quelques-uns d’entre eux faisaient la grimace en se serrant la main… Sur mon âme, je crus qu’il y en aurait, surtout parmi ces chefs monta-