Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/140

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Le chevalier, attaqué d’un de ces accès de surdité auxquels il était sujet dans de semblables occasions, répondit : « Il n’est pas étonnant que le peuple prenne des libertés quand il voit en place des gens qui ne sont guère au-dessus de lui pour la naissance et les manières. — Vous avez raison, monsieur, parfaitement raison, dit Maxwell en posant sa main sur la broderie ternie de la manche du vieux chevalier ; « quand ces gens-là voient des hommes en place vêtus de la défroque des comédiens, il n’est pas étonnant que la cour soit encombrée d’intrus. — N’est-il pas vrai que ma broderie est de bon goût, monsieur Maxwell ? » répondit le chevalier affectant d’interpréter les paroles de l’huissier de la chambre d’après son geste. « Elle est d’un dessin riche et ancien, ouvrage du père de votre mère, le vieux James Stitchell, honnête tailleur de Merlin’s-Wynd qui avait ma pratique, ce que je me rappelle avec plaisir en songeant que votre père a jugé à propos d’épouser sa fille. »

Maxwell fit la grimace ; mais sentant qu’il n’y avait aucune réparation à espérer de sir Mungo, et qu’en poursuivant cette querelle avec un tel adversaire il ne ferait que se rendre ridicule et donner de la publicité à une mésalliance dont il était honteux, il cacha son ressentiment sous un sourire moqueur, exprimant son regret que sir Mungo fût devenu trop sourd pour qu’il fût possible de causer avec lui. Alors, continuant sa route, il alla se planter auprès de la porte de la salle d’audience, où il devait remplir les fonctions de vice-chambellan ou d’huissier.

« La porte de la salle d’audience va s’ouvrir, » dit tout bas l’orfèvre à son jeune ami : « ma condition ne me permet pas d’aller plus loin avec vous ; ne manquez pas de vous présenter hardiment comme il convient à votre naissance et de remettre au roi votre supplique, qu’il ne refusera certainement pas et à laquelle il fera, j’espère, un accueil favorable. »

Comme il parlait, la porte de la salle d’audience s’ouvrit effectivement ; et, comme il est d’usage en semblable occasion, les flots des courtisans commencèrent à y entrer lentement, mais d’une manière successive et non interrompue. Lorsque Nigel se présenta à son tour à la porte et dit son nom et son titre, Maxwell sembla hésiter. « Vous n’êtes connu de personne, dit-il, et mon devoir ne me permet pas de laisser passer chez le roi, milord, un individu dont la figure m’est inconnue, à moins qu’une personne respectable ne m’en réponde. — Je suis venu avec maître George