sitôt avec des révérences, des sourires et des minauderies, pour accueillir son honorable locataire, et le conduire dans son appartement.
CHAPITRE VIII.
L’ENTREMETTEUSE.
Il faut maintenant que nous fassions connaître au lecteur un autre personnage beaucoup plus affairé et plus important que sa situation ostensible dans le monde ne paraissait l’annoncer, en un mot, dame Ursule Suddlechop, femme de Benjamin Suddlechop, le plus fameux barbier de tout Fleet-Street. Cette dame avait son mérite particulier, qui était principalement, si on doit en croire ce qu’elle disait d’elle-même, un désir ardent d’être utile à ses semblables. Laissant à son époux, maigre et affamé, la gloire d’avoir la main la plus habile et la plus légère de tous les barbiers de Londres, et le soin d’une boutique où des apprentis sans ressource écorchaient la figure de ceux qui étaient assez sots pour la leur confier, la dame faisait pour son compte un commerce plus lucratif, mais qui avait tant de branches secrètes et divergentes qu’il offrait en apparence plus d’une contradiction.
Ses fonctions les plus hautes et les plus importantes étaient d’une nature secrète et confidentielle ; et dame Ursule Suddlechop passait pour n’avoir jamais trahi une affaire qui lui était confiée, à moins qu’elle n’eût été mal payée, ou que quelqu’un n’eût jugé à propos de lui donner le double pour la faire parler ; et ces circonstances arrivaient si rarement que sa réputation était irréprochable du côté de la discrétion comme du côté de la complaisance et de la probité.
Dans le fait c’était une femme admirable, et qui savait se ren-