Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/117

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les fois que je pourrai vous être bon à quelque chose, croyez que je me trouverai trop heureux de servir le fils de mon ancien protecteur. »

La conversation était tombée sur un sujet si éloigné du point qui intéressait la curiosité du jeune homme, qu’il n’y eut pas moyen de l’aborder ce soir-là. Il fit donc ses remercîments et ses compliments à George Heriot, et prit congé, promettant de se tenir prêt à s’embarquer avec lui le sur lendemain matin à dix heures.

La race des porteurs de fallots, célébrée par le comte Antoine Hamilton, comme particulière à la ville de Londres sous le règne de Jacques Ier, avait déjà commencé ses fonctions, et l’un d’eux avait été retenu pour éclairer avec sa torche résineuse le jeune lord et son domestique jusque chez eux. En effet, quoiqu’ils commençassent à connaître un peu mieux les rues de la ville, ils auraient pu encore, dans l’obscurité, courir le risque de se tromper de chemin. Cette circonstance donna à l’ingénieux Moniplies l’occasion de se rapprocher de son maître, après qu’il eut passé son bras gauche dans les courroies de son bouclier, et dégagé son sabre du fourreau, de manière à pouvoir l’en tirer facilement, et à être prêt en cas de besoin.

« Si ce n’était pour le bon vin et la bonne chère que nous avons eus chez ce vieux marchand, milord, » commença le judicieux serviteur, « et si je ne lui connaissais la réputation d’un homme juste sous plusieurs rapports, et d’un véritable bourgeois d’Édimbourg, j’aurais été bien aise de voir comment son pied était tourné, et s’il ne se trouvait pas un pied fourchu sous les belles rosettes de son soulier de cuir de Cordoue… — Comment, maraud, répondit Nigel, voilà ce qu’on gagne à vous traiter généreusement ? Maintenant que vous avez rempli votre estomac affamé, vous vous raillez du bon marchand qui vous a fait du bien. — Non, milord, ne vous en déplaise, dit Moniplies… je voudrais seulement en savoir un peu plus long sur lui… J’ai mangé son pain et sa viande, c’est vrai… et c’est une honte que des gens de sa sorte en aient à donner quand Votre Seigneurie et moi aurions eu de la peine à trouver pour notre compte un bouillon et un gâteau d’avoine… J’ai bu son vin aussi. — Je m’en aperçois, reprit son maître, et en plus grande quantité que vous n’auriez dû. — Pardonnez-moi, milord, reprit Moniplies ; il vous plaît de parler de la sorte, parce que j’ai vidé une bouteille avec