Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/116

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des fruits et des épices furent offerts à Nigel et au ministre qui ne tarda pas à prendre congé. Le jeune lord aurait bien voulu l’accompagner, dans l’espoir d’obtenir quelque éclaircissement sur l’apparition qu’il venait de voir, mais il en fut empêché par son hôte qui témoigna le désir de lui parler dans son bureau.

« J’espère, milord, lui dit le bourgeois, que les préparatifs qu’exige votre présentation à la cour sont assez avancés pour que vous puissiez y paraître après-demain. Ce sera peut-être le dernier jour d’ici à quelque temps où Sa Majesté recevra publiquement ceux qui, par leur naissance, leur rang ou leur emploi, ont quelque droit de lui faire leur cour. Le jour suivant il va à Théobald, où il s’occupe tellement de la chasse et d’autres divertissements qu’il ne se soucie pas d’être dérangé. — Je serai prêt à lui offrir mes respects, dit le jeune lord, mais c’est tout au plus si j’ai le courage de le faire ; les amis auprès desquels j’aurais dû trouver aide et protection m’ont trahi ou se sont éloignés de moi… Assurément, je ne les importunerai pas pour qu’ils m’accordent leur appui dans cette circonstance ; et cependant, quoique je convienne que ce soit un enfantillage, je dois avouer ma répugnance à paraître seul sur un théâtre si nouveau pour moi. — Il est peut-être bien hardi à un artisan comme moi, dit Heriot, de faire une telle offre à un noble lord, mais il faut que j’aille demain à la cour ; je puis vous accompagner jusqu’au salon de réception en vertu du privilège que j’en ai comme appartenant à la maison du roi. Je puis même faciliter votre entrée si elle éprouvait quelque difficulté, et vous indiquer le moment opportun et la manière convenable d’approcher de la personne du roi ; mais je ne sais pas, » ajouta-t-il en souriant, « si ces petits avantages pourront balancer l’incongruité de les tenir d’un vieil orfèvre. — Dites plutôt du seul ami que j’aie trouvé à Londres, » dit Nigel en lui présentant la main.

« Si vous envisagez ainsi la chose, » reprit l’honnête bourgeois, « il n’y a plus rien à dire… Je viendrai vous chercher demain dans une barque convenable pour cette occasion : mais rappelez-vous, mon bon jeune lord, que, comme certains hommes de ma classe, je ne cherche pas l’occasion d’en sortir, et de m’associer à ceux dont le rang est supérieur au mien ; ainsi, ne craignez pas de mortifier mon orgueil en me laissant à distance, soit en présence du souverain, soit dans toute autre occasion où il conviendra pour tous deux que nous soyons séparés. Du reste, toutes