Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 17, 1838.djvu/11

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Et cependant, tandis que cet esprit général d’extravagance semblait s’être emparé de tout un royaume, une autre espèce d’hommes se formaient peu à peu au caractère grave et résolu qu’ils montrèrent ensuite dans les guerres civiles, et qui eut une influence si puissante sur celui de toute la nation anglaise, jusqu’au moment où, passant d’un extrême à un autre, ils effacèrent dans un sombre fanatisme les traces glorieuses des beaux-arts qui renaissaient.

Après les citations que je viens de faire, ni la conduite égoïste et révoltante de lord Dalgarno ne paraîtra outrée, ni les scènes dans Whitefriars et autres pareils lieux ne sembleront trop fortement colorées. Certes, ce ne serait point le cas. Ce fut sous le règne de Jacques Ier que le vice et la dépravation se montrèrent d’abord au sein des plus hautes classes dans toute leur nudité. Du temps d’Élisabeth, les plaisirs et les fêtes avaient un air de cette décente réserve qu’ils prirent à la cour d’une souveraine vierge ; et à cette époque plus rapprochée, le vice, pour me servir des expressions de Burke, perdit la moitié de sa laideur en se dépouillant de sa grossièreté. Sous le règne de Jacques, au contraire, la dépravation la plus brutale était sans frein et publiquement favorisée, puisque, selon sir John Harrington, les hommes s’abandonnaient aux plaisirs les plus avilissants, et que les femmes mêmes, perdant toute délicatesse, s’y plongeaient avec transport. Après le récit burlesque d’une mascarade, dans laquelle les acteurs s’étaient enivrés et s’étaient comportés en conséquence, il ajoute : J’ai été bien surpris de ces étranges fêtes qui me rappelaient ce qui se passait dans celles du temps de la reine, auxquelles j’assistais quelquefois ; mais jamais je n’ai vu tant de désordres et d’intempérance que j’en vois maintenant. Nos têtes sont enflammées, et nous poursuivons notre marche déréglée comme si le diable nous excitait à la débauche, à l’excès et à la perte du temps et de la tempérance. Les grandes dames viennent bien masquées, et vraiment, c’est là la seule marque de leur modestie, de cacher leur visage ; mais, hélas ! leurs étranges actions sont accueillies avec tant de faveur, que rien de ce