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de penser, non sans beaucoup de doute et d’hésitation, qu’il leur faudra bientôt commencer la leur. Le jeune Nigel arriva vêtu avec simplicité, mais cependant dans un costume plus analogue à son âge et à son rang que celui qu’il portait la veille : il était accompagné de Moniplies, dont l’extérieur avait aussi beaucoup gagné. Les traits graves et solennels du serviteur écossais ressortaient sous un bonnet de velours bleu posé de côté sur sa tête. Il avait un bon habit de drap bleu anglais, épais et solide, et qui, bien différent de ses premiers vêtements, aurait résisté aux efforts de tous les apprentis de Fleet-Street. Il portait le sabre et le petit boucher, marques distinctives de sa condition ; et une petite plaque d’argent, représentant les armoiries de son maître, indiquait qu’il appartenait à l’aristocratie. Il s’assit dans l’office du bon citadin, non sans éprouver une satisfaction véritable, en songeant que, pour prix de son service dans la salle à manger, il prendrait sa part d’un repas tel qu’il lui était rarement arrivé d’en voir.

M. David Ramsay, ce profond et ingénieux mécanicien, fut conduit sain et sauf dans Lombard-Street, où il arriva, suivant sa promesse, bien lavé, brossé et purifié de la suie de sa forge et de sa fournaise. Sa fille l’accompagnait : c’était une jeune personne d’environ vingt ans, très-jolie, très-réservée, mais dont les yeux noirs, étincelants, contredisaient de temps en temps l’air de gravité qui, avec le silence, la discrétion, un simple bonnet de velours et une collerette de batiste, formait l’apanage obligé de mistress Marguerite, en sa qualité de fille d’un modeste bourgeois.

Il y avait aussi deux autres bourgeois et marchands de Londres, hommes à amples manteaux et à longues chaînes d’or, bien établis dans le monde et expérimentés dans leur commerce, mais qui ne réclament pas de notre part une description particulière. On y voyait encore un vieil ecclésiastique vêtu de sa longue robe et de sa soutane, homme grave et respectable, dont les manières avaient toute la simplicité de celles des bourgeois qui composaient sa congrégation.

Nous passerons rapidement sur tous ces personnages ; mais il n’en sera pas de même de sir Mungo Malagrowther de Gimigo-Castle, qui réclame de nous un peu plus d’attention, comme un caractère fort original de cette époque.

Ce bon chevalier frappait à la porte de maître Heriot au pre-