Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/448

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les pirates dans les Indes occidentales, il y a six ou sept ans. Vaughan n’était plus qu’un nom dans ces parages, et j’entendis parler de Cleveland. Néanmoins, capitaine Cleveland ou Vaughan, dès que vous êtes bien l’homme qui se montra si généreux à Quempoa, je puis vous assurer d’une grâce entière lorsque vous arriverez à Londres. »

Cleveland s’inclina et le sang lui monta au visage. Mertoun tomba à genoux et rendit mille actions de grâces au ciel. On les fit retirer au milieu de l’émotion de tous les spectateurs.

« Et maintenant, mon cher monsieur le lieutenant, qu’avez-vous à dire pour votre défense ? » demanda le capitaine Weatherport au ci-devant Roscius.

« Ma foi, peu de chose ou rien, s’il plaît à Votre Honneur ; sinon que je souhaite vivement que Votre Honneur puisse trouver mon nom sur le livre de pardon que vous tenez à la main, car j’étais à côté du capitaine Clément Vaughan dans cette affaire de Quempoa.

— Vous vous nommez Frédéric Altamont, répliqua le capitaine Weatherport. Je ne vois ici aucun nom qui ressemble à cela ; ces dames ont écrit sur mon livre le nom d’un John Bounce ou Bunce.

— Ma foi, c’est moi… c’est moi-même, capitaine… je puis le prouver, et je suis résolu, quoique ce dernier nom soit un peu plébéien, à vivre sous le nom de Jack Bunce plutôt que d’être pendu avec celui de Frédéric Altamont. — En ce cas, reprit le capitaine, je puis vous donner quelques espérances, pourvu que vous ayez nom Jack Bunce. — Grand merci, mon noble seigneur, » s’écria Bunce. Puis, changeant de ton, il ajouta : « Oh ! puisqu’un changement de nom a une si grande vertu, le pauvre Dick Fletcher aurait pu trouver grâce en s’appelant Timothée Tugmutton ; mais, quoi qu’il en soit, voyez-vous, pour me servir de sa phrase ordinaire… — Assez pour le lieutenant, interrompit le capitaine. Amenez maintenant Goffe et les autres coquins ; je crois qu’il nous faudra des cordes pour quelques uns d’entre eux. « Cette prévision promettait d’être pleinement remplie, car les charges étaient accumulées contre eux.

Bientôt l’Alcyon reçut l’ordre de conduire tous les prisonniers à Londres, et il mit à la voile deux jours après.

Pendant le temps que l’infortuné Cleveland passa à Kirkwall, il fut traité avec politesse par le capitaine de l’Alcyon ; et l’amitié de sa vieille connaissance, Magnus Troil, qui savait en secret les liens intimes qui l’unissaient à sa famille, le pressa d’accepter mille