« Ce sont des trows, dit l’un. — Ce sont des sorcières, murmura un autre. — Ce sont des sirènes, reprit un troisième ; écoutez seulement leurs chants sauvages. »
On s’arrêta, et l’on entendit quelques sons de musique ; Brenda, d’une voix qui tremblait un peu, mais qui pourtant était légèrement ironique, déclara que ce devait être un violon.
« Violon ou démon, » s’écria l’udaller, qui croyait aux apparitions terribles dont l’idée glaçait ses domestiques de frayeur, mais qui ne les craignait pas ; « violon ou démon, que le diable m’emporte si une sorcière m’empêche pour la seconde fois de souper cette nuit ! »
En parlant ainsi il mit pied à terre, dégaina son fidèle coutelas, et s’avança vers la hutte, accompagné seulement de Laurence ; le reste de la suite s’arrêta sur le rivage, derrière les jeunes filles et les chevaux.
CHAPITRE XXX.
doléances.
L’udaller avança avec hésitation vers la cabane éclairée, d’où sortaient alors plus distinctement les sons d’un violon. Mais si ses enjambées étaient longues et fermes, elles se succédaient plus lentement que de coutume ; car, en général prudent quoique brave, Magnus voulait reconnaître l’ennemi avant de l’attaquer. Le fidèle Laurence Scholey, qui se tenait le plus près possible de son maître, lui murmura bientôt dans l’oreille : « Le ciel me protège, monsieur ; mais je crois que l’esprit, si c’est un esprit qui joue si joliment du violon, doit être l’esprit de maître Claude Halcro ! au moins c’est bien son jeu, car jamais archet n’a joué comme le sien le bon vieil air de Belle et riche. »