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vers la muraille, et ne retournez pas la tête, sous peine de mon redoutable déplaisir. Vous, Magnus Troil, par votre téméraire hardiesse, et vous, Brenda, par votre sotte et vaine incrédulité pour tout ce qui surpasse votre faible intelligence, vous êtes indignes de contempler cette œuvre mystique ; les regards de vos yeux se mêlent à mon charme et l’affaiblissent ; car les puissances ne peuvent souffrir une foi chancelante. »

Peu accoutumé à s’entendre parler de la sorte, Magnus allait répondre avec colère ; mais réfléchissant que la santé de Minna serait compromise, et songeant que la femme qui lui parlait ainsi avait souffert de cruelles infortunes, il contint son ressentiment, secoua la tête, haussa les épaules, et prit la posture prescrite, ne regardant plus le côté de la table, mais bien celui du mur ; Brenda en fit autant dès que son père l’y engagea d’un signe, et tous deux gardèrent un profond silence.

Norna s’adressa de nouveau à Minna.

Écoute, et tu peux reconnaître
Que des maux approche la fin.
L’espoir à tes yeux doit renaître
Et la paix rentrer dans ton sein.
Porte ce cœur : sois confiante :
Tu deviendras heureuse quand
Dans l’église le pied sanglant
Rencontrera la main sanglante.

Minna rougit vivement à cette dernière strophe, qui indiquait que Norna connaissait au mieux la cause secrète de son chagrin. Cette conviction porta la pauvre fille à espérer les heureux résultats que la sibylle semblait annoncer ; et n’osant pas exprimer sa reconnaissance d’une manière plus précise, elle serra la main flétrie de Norna avec toute la chaleur de l’affection, d’abord contre sa bouche, ensuite contre son sein, en l’inondant en même temps de ses larmes.

Avec plus de sensibilité qu’elle n’en montrait ordinairement, Norna retira sa main que serrait toujours la pauvre fille dont les larmes coulaient abondamment, et avec plus de tendresse qu’elle n’en avait témoigné jusqu’alors, elle attacha le cœur de plomb à une chaîne d’or et la suspendit au cou de Minna, en chantant la strophe suivante, pendant quelle accomplissait cette dernière partie du charme :

Accepte de moi cette chaîne,